Le temps du retour à Ciudalia est venu pour Benvenuto Gesufal. Caché depuis la fin de l'opus précédent dans la lointaine ville de Bourg-Preux, au cœur de la Marche Franche, Benvenuto était censé attendre le retour de Sassanos le nécromancien pour savoir quand rentrer. Mais, à la fin du tome précédent, son boss (terme volontairement mafieux même si l'homme est l'un des notables les plus puissants de Ciudalia) lui avait envoyé un autre messager porteur de l'injonction attendue : rentrer. Et ceci alors qu'il était toujours un homme recherché par à peu près toutes les factions en lutte de Ciudalia comme par les institutions de la Cité-Etat même.
Benvenuto, au début de ce volume 5, est donc en marche dans la forêt enneigée. Il tombe vite sur un officier de Bourg-Preux qui lui demande son aide – l'amenant à découvrir une vilaine vérité de plus sur celui qui est son patron et dont il dépend tant pour sa fortune que pour sa vie même. Et bien des vilenies sont encore à venir.
En dépit des nuages noirs accumulés au dessus de sa tête, le temps du retour est aussi celui du retour en grâce possible pour le bretteur le plus efficace de la ville. Pour cela il doit prouver à nouveau son utilité à un Don Ducatore qui ne fait pas de sentiment mais se contente de jouer les hommes comme des pions sur un échiquier. Joué encore une fois comme une marionnette, Benvenuto tirera néanmoins avantage de la situation et de l'actif qu'il représente pour le Don. Toi et moi, lecteur, en sommes satisfaits pour lui.
72 pages pour conclure un récit au long cours, ça permet à cet album de développer tranquillement son histoire. Les intrigues politiques des puissants de Ciudalia, les secrets du passé, les plans pour l'avenir de la ville, Benvenuto, parce qu'il est, de fait, un proche de Ducatore, est au cœur de toutes les intrigues présentes et passées.
Toi et moi, lecteur, le voyons lutter, souffrir, presque mourir (ce n'est pas une image), et tuer encore pour son boss afin de renverser définitivement la balance des équilibres politiques ciudaliens.
Magie nécromantique, combats dans la neige, chiens de chasse magiques, charges à cheval épée au clair, assassinats ciblés, nécromanciens plus vieux que Mathusalem, filles fantômes et ratiches hantées, ce cinquième opus de la série, intitulé Retour en grâce, ne déçoit pas. C'est du grand spectacle, de l'action et des rebondissements, des secrets révélés et des torts peu ou prou redressés, un vrai film de cape et d'épée en version papier.
C’est enfin le moment ultime de la bascule qui se donne à voir, celui où la République meurt et devient tyrannie, celui que Don Schernittore avait tenté d'empêcher sans plus de succès que n'en eurent ceux qui tentèrent d'arrêter la métamorphose de la république romaine en empire romain.
Joliment dessiné et colorisé, l'album procure un vrai plaisir de lecture qui doit autant à l'intrigue et au langage de Jaworski qu'à la manière dont ses adaptateurs ont respecté et sublimé l’œuvre originale. Bravo, c'était vraiment bien.
Gagner la guerre t5, Retour en grâce, Genet, Jaworski
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