Batman Gotham by Gaslight - Augustyn - Mignola


1988. DC Comics cherche comme toujours des idées originales à proposer à des lecteurs sans cesse avides de nouveautés. C'est là que Brian Augustyn imagine, avec Mark Waid, d'exploiter un filon jusque là inexploré – étonnamment il en restait encore –, les passés alternatifs des héros maison. De cette idée naîtra la collection Elseworlds dont Batman : Gotham by Gaslight, réalisé par Augustyn et Mike Mignola, sera le premier volume.

Réédité plusieurs fois en VO comme en VF, ce comic l'est une nouvelle fois aujourd'hui chez Urban comics dans une solide édition qui comprend aussi Le Maître du futur (sa suite, réalisée par le duo Brian Augustyn/Eduardo Barreto) et, exhaustivité oblige, Convergence : Shazam de Parker et Shaner.


Batman : Gotham by Gaslight

1880, le jeune Bruce Wayne est un un riche héritier, orphelin de deux parents assassinés (et oui, encore et toujours, sinon pas de Bat-Man). De retour d'Europe où il a fait le socialite, le jeune homme retrouve une Gotham qui a profité des effets de la révolution industrielle américaine. C'est une Gotham enrichie, belle et prospère, dans laquelle, hélas, le crime s'est développé au même rythme que le PIB/habitant.

A côté du Mal ordinaire des malfrats et de leurs frasques gérés au jour le jour par l'inspecteur Gordon, un Mal plus grand et plus terrible s'abat sur la ville qui va nécessiter l'intervention d'un homme chauve-souris bien connu des lecteurs. Pas de Joker ici (juste un clin d’œil du comic à un vilain qui aurait pu être) mais un Mal importé d'Europe, le terrifiant Jack l'Eventreur qui, après avoir sévi à Londres a, semble-t-il, décidé de le faire à Gotham.

Batman : Gotham by Gaslight est un beau comic (Mignola oblige) à l'intrigue simple et linéaire. Pas de grande tortuosité ici mais l'occasion de plonger le justicier masqué dans un univers original et séduisant, et accessoirement de résoudre pour les lecteurs tant le mystère de l'identité de Jack l'Eventreur que celui de l’assassinat des parents de Bruce Wayne. Two birds with one stone, pas mal !

Surtout, ce comic est beau, sombre la nuit et lumineux le jour, exprimant mieux que des mots cette face cachée de la Révolution industrielle que la misère de Whitechapel, à l'Est de Londres, avait déjà rendue évidente (au cas où ç’aurait été nécessaire).


Le Maître du futur, qui vient après dans la pagination, est une suite claire du précédent. En 1991, dans un style graphique plus classique et plus réaliste, Augustyn et Barreto proposaient une histoire de corruption et de tentative de prise de pouvoir à Gotham. Certes elle en rappelle nombre d'autres mais, jouant sur la continuité avec Batman : Gotham by Gaslight et joliment réalisée (quelques grandes cases et grands panneaux impressionnants), elle ne fait pas superflue.

On y voit de façon plus claire le potentiel steampunk de la Gotham alternative et on y découvre un héros plus impliqué dans la vie de la cité alors que Gordon est maintenant commissaire.


Vient enfin Convergence : Shazam, de Parker et Shaner. Sur l'event Convergence, je n'ai pas grand chose à dire tant l'idée même est absurde quel que soit l'angle sous lequel on la regarde. Sur l'épisode inclus, Shazam, il permet d'opposer graphiquement la jolie mainstreet de la série Shazam (et de retrouver avec plaisir Billy Batson dans son monde simple qui me faisait rêver enfant) à la noire Gotham. Sur le plan du scénario, je n'ai pas compris grand chose tant c'était confus. Il fallait sans doute avoir lu le reste de Convergence mais, lacunes ou pas, l'écriture de cet épisode est loin d'être géniale. Convergence : Shazam complète, c'est sa seule qualité notable imho.


L'ensemble (même avec Convergence : Shazam) est un bel album qui te donnera envie, lecteur, de lire ensuite Batman : Gotham by Gaslight 1893, qui réinterprète les origines de Superman. En ce qui me concerne, je m'y attelle sous peu.


Batman : Gotham by Gaslight, Augustyn, Mignola et al.

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