The Fisherman - John Langan VF

The Fisherman, de John Langan, sort en VF chez J'ai Lu dans une traduction de Thibaud Eliroff . Malgré ma fin de chronique un peu grognon sache, lecteur, que c'est néanmoins un bon roman qui vaut la peine d'être lu. Enjoy !

Old Soul - Susan Barker


Osaka, maintenant. Réunis une soirée par un vol manqué, Jake et Mariko, deux parfaits étrangers,  découvrent qu'ils ont tous deux perdus un être cher dans des circonstances étrangement similaires, des circonstances à la fois très étranges et très similaires.

L'incongruité de la chose et un deuil jamais terminé poussent Jake, un professeur anglais d'âge moyen, sur les traces de la femme qui semble avoir été présente auprès des deux décédés, qui semble aussi avoir présidé à leur funeste destinée.

De témoignage en témoignage, Jake remonte le temps, trouvant des traces sans cesse nouvelles d'un femme qui « never goes by the same name...never stays in the same place too long...never ages...never dies. But those around her do ».

Connaître la vérité, comprendre le mystère et surtout arrêter une chaîne de meurtres qui s'étend de décennies en décennies – depuis combien de temps ? –, c'est la mission que s'assigne Jake. C'est aux témoignages qu’il recueille qu'il nous donne accès alors que, par des flashes intercalés entre ceux-ci, nous voyons la femme-mystère s'apprêter à faire une nouvelle victime.


Old Soul est le dernier roman de Susan Barker. Pas besoin d'être grand clerc pour comprendre, au vu de ce qui précède, que la femme que poursuit Jake est une sorte de vampire qui prend la vie des autres pour prolonger la sienne.

Rien que de très classique donc, diras-tu, lecteur, et pourtant non. Certes c'est bien d’une forme de vampirisme qu'il s'agit ici, mais Old Soul mérite que tu t'y attardes car on peut dire que Barker apporte une pierre originale à l'édifice.


D'abord, le vampirisme de la femme – appelons-la Katerina– est le fruit d'un pacte faustien avec une entité extérieure au monde physique. Il y a de l'horreur cosmique dans ce roman, là où les histoires de vampires sont souvent de simples histoires de monstres plus ou moins réussies.


Ensuite, le tueur en série est ici une tueuse, ce qui est aussi assez original pour être noté. Une tueuse, de plus, qui ne fait montre d'aucune sororité, à une époque où ce mot est mis à toutes les sauces. Une tueuse, donc, impitoyable et gender-blind.

Katerina s'en prend à des hommes ou à des femmes indifféremment, mais presque toujours elle s'en prend à des personnes en difficulté physique ou émotionnelle. Pour parvenir à ses fins, elle flatte et séduit, manipule et détourne, ment et menace, whatever it takes. Il n'y a que Katerina dans l'agenda de Katerina. Loin des vampires dépressifs d'Anne Rice, Katerina veut vivre, est prête à tout pour cela, et nul ne l'apitoie. Jusqu'à un épilogue qui illustre de manière stupéfiante la profondeur de ce désir que rien n'arrête.

Pour autant, le personnage n'est pas manichéen. Ce n'est ni une bête sauvage, ni une possédée, ni une sadique, juste une femme qui s'est libérée un jour de l'oppression dans laquelle elle vivait (Cf. sa confession) et qui a choisi la liberté et la vie, pour l'éternité et hors de toute considération morale.

Pour autant encore, Katerina est étonnamment capable d'aimer, vraiment, mais cet amour entre en conflit frontal avec sa volonté de continuer à vivre.

Pour autant enfin, on finit par se demander au fil des pages si Katerina n'est pas autant victime que bourreau, autant manipulée que manipulatrice, autant contrainte que contraignante, si, de fait, elle n'est pas sous une emprise aussi forte que celle qu'elle exerce sur ses proies.


Barker raconte cette histoire d'horreur jamais gore en sept témoignages et six épisodes contemporains qui peu à peu dévoilent le mystère de la femme caméléon, un mystère qui ne sera néanmoins jamais totalement expliqué.

On y parle photographie, peinture, sculpture, art en général. On y est parfois ironique. On y parle scène new-yorkaise et épidémie de SIDA, pays de l'Est et dictature communiste, choix de vie et abandon, regrets et acceptation, buto et poker face.

Tout ceci – les thèmes comme les faits –  est raconté avec une grande élégance et une forme de beauté tragique qui amènent à l'esprit les œuvres de Ian McLeod. Il y a la même douceur triste, certains thèmes communs, la même approche centrée sur les personnages et le dévoilement de leur histoire toujours émouvante et en partie secrète. Le tout tissé sans solution de continuité dans un texte qui mêle passé et présent, sans jamais révéler trop vite ce qui n'arrivera qu'après.


C'est de la belle ouvrage. Ca émeut et captive. Ca surprend. C'est de la vraie littérature.


Old Soul, Susan Barker

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