Les Frères Rubinstein, tome 6, et avant-dernier si j'ai bien tout compris. C'est toujours excellent.
Quelques mots.
L'heure de la révolte arrive dans le camp de Sobibor. En dépit de quelques stressants contretemps de dernière minute, les prisonniers des nazis, parmi lesquels bien sûr Salomon et Klara, vont enfin tenter de se libérer de leurs geôliers. Comme tous s'y attendait, comme tu t'y attendais peut-être toi-même, lecteur, le soulèvement aura un prix élevé et une forme nouvelle d'horreur succédera à celle que connaissait déjà Salomon.
A Hollywood, passé les arrangements avec Hitler, Moïse apprend enfin ce qu'il est advenu de son frère. Toi, lecteur qui regarde par dessus son épaule, tu fais de même et comprends enfin comment Salomon s'est retrouvé enfermé dans un camp de concentration ; tu apprends donc – et ça ne t'étonne guère – que c'est à sa loyauté et à son abnégation que Salomon doit ce sort atroce.
Tu vois alors Moïse, pour la première fois vraiment peut-être, s'impliquer complètement dans la lutte contre le nazisme – avec ses moyens bien sûr et ses compétences propres ; il ne s'agit pas ici de jouer à Captain America, d'autant que les officiels américains auxquels il passe des preuves irréfutables des exactions nazies choisissent de les garder temporairement secrètes afin d'éviter que les GIs en Europe ne passent en mode
Inglorious Basterds. Mais, Captain America ou pas, dans la conflagration qui ravage le monde, Moïse va se mettre pour la première fois en danger sur un champ de bataille physique.
Dans ce tome 6, encore une fois, Brunschiwg raconte de manière simple et accessible comment l'inimaginable se produisit. Il montre les meurtres de masse dans les villes et les villages, cette Shoah par balles qui fut par la suite partiellement occultée par la singularité absolue de l'extermination industrielle. Il montre les compromissions ou les impossibilités de croire qui, pendant longtemps, facilitèrent la vie du régime nazi. Il montre des prises de conscience bien venues, même si elles furent parfois tardives.
Durant les 72 pages de l'album, la narration est fluide et parfaitement construite jusqu'à une fin joliment pensée.
Après le contraste absolu que constitue 'Salomon interné vs. Moïse dans sa belle villa d'Hollywood', on y voit en parallèle et alternance la révolte/fuite du camp de Sobibor (auquel participe Salomon) et l'assaut mené par les GIs en Italie (auquel Moïse prend part), deux frères enfin tous deux sur le terrain, chacun à sa manière confronté au nazisme.
On y voit enfin, pour conclure, le doux et sage Salomon exterminer de rage les loups de la forêt polonaise, métaphore absolue de la levée contre les loups nazis.
Les dessins réalistes sont toujours de qualité, sans oublier les couleurs d'Elvire de Cock.
Un seul bémol, étant l'avant-dernier album de la série La Ponctualité allemande va vers le climax de celle-ci mais laisse au prochain tome le privilège de l’atteindre ; on reste donc un peu sur sa faim quand il se termine. Mais, dans cette série, même l'épisode un peu en dessous est bien au-dessus de nombre d'autres albums de BD. Alors...
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