Quelque lignes donc pour dire à quel point il est indispensable de lire ce troisième et dernier tome de
La Mythologie viking de Gaiman et Russell (et al.)
après avoir savouré les deux premiers.
Quatre récits ici, quatre récits de la fin des temps ou, parce que nous ne sommes pas dans le linéarisme chrétien, d'une fin suivie d'un renouveau.
La Campagne de pêche d'Hymir et de Thor montre encore une fois la force incroyable de Thor et la manière dont les dieux roulent les géants dans la farine au bénéfice de leurs propres intérêts, qui se résument parfois à faire de grands banquets et à boire de la bonne bière.
On y voit les géants mourir par dizaines; clairement, dans toute cette mythologie, les géants sont les
Redshirts locaux.
Passé la farce, la tragédie commence avec
La Mort de Balder. On y voit
Balder, le plus beau, le plus sage, le plus aimé des dieux, succomber à la trahison, la malveillance, la vilenie de Loki
(who else?). On y voit les tentatives désespérés pour le sauver
(y compris une recherche d'invulnérabilité et une mort qui rappellent celle de Siegfried sans oublier celle d'Achille) puis pour le faire revenir d'entre les morts. Emouvante tragédie, quand on voit partir le beau dieu, quand on entend la tristesse de toute la création et la désespoir de sa femme
Nanna, puis qu'on prend toute la mesure de la malignité mortelle d'un Loki qui, du début à la fin de cette histoire, s'est toujours complu dans le Mal.
Mythologie non chrétienne ; il n'est pas question ici de tendre l'autre joue mais de châtier. L’histoire suivante raconte donc Les Derniers jours de Loki.
La traque du dieu maléfique est conduite par les frères de sang ou d'âme de Balder. Malgré toutes ses tentatives pour échapper à leur ire, le coupable est finalement capturé alors qu'il se dissimule sous l'un de ses innombrables déguisements. Il est alors conduit, enchaîné, vers un châtiment long et terrible dont seule la dévotion de sa femme,
Sigyn, le soulage un peu.
Un châtiment que partagent, d'une manière différente, les enfants de Loki car, pour Balder, la ruse de Loki avait conduit le frère à tuer le frère et donc il importait, pour des raisons de parallélisme des formes, qu'il en soit de même dans la famille de Loki. Ici, les péchés des pères retombent sur les fils.
Enfin, c'est
Ragnarök qui arrive, dessiné par P. Craig Russell. Une fin des temps qui rappelle, par son début,
l'Apocalypse selon Saint Jean. Une fin des temps dans laquelle montent à l'assaut d'Asgard le terrifiant Surt du Musspelheim, les légions de Hel, et tant d'autres. Une fin des temps, ça n'étonnera personne, dans laquelle
les enfants monstrueux de Loki (who else?) luttent contre les dieux et pour la destruction de tout, et Loki aussi, bien sûr, libéré de ses entraves et pilotant le vaisseau
Naglfar fait des ongles des morts. Une fin des temps qui voit Midgard détruite et les dieux vaincus après une bataille et une résistance véritablement homériques.
Je ne veux pas spoiler ici sur qui fait quoi, qui combat qui, qui meurt, qui vit, et comment.
Crois-moi, lecteur, si
La Mort de Balder était émouvante, si
Les derniers jours de Loki était réjouissant,
Ragnarök est énorme. C'est beau, encore plus que les épisodes précédents de l'album, c'est superbement découpé, ça explose de couleurs, c'est dynamique et hiératique à la fois. On doit lire si on aime les comics, et on doit lire si on aime la mythologie nordique car on ne verra pas ailleurs une telle interprétation de Ragnarök
(on notera que P. Craig Russell avait été impliqué dans le vol 4 de la série Lucifer de Mike Carey, le gars connaît donc son sujet).
Voilà, il faut acheter, il faut lire, il faut offrir. Je le redis comme pour le vol 2 : Noël approche, Ragnarök aussi, n'hésitez pas à offrir ou vous faire offrir les trois vol. Vous ne le regretterez pas.
La Mythologie viking t3, Gaiman, Russell et al.
Commentaires
Bon rétablissement.