Daryl Gregory : I’m Not Disappointed Just Mad AKA The Heaviest Couch in the Known Universe

Conseil aux nouveaux auteurs : Faites attention quand vous plaisantez en ligne. Imaginez, vous faites une blague sur l’écriture d’une histoire ridicule, quelque chose que vous n'écririez jamais ; ce n'est qu'une bonne blague jusqu’à ce qu’un éditeur en entende parler et vous demande d’écrire cette histoire. Il y a quelques années, sur un site, je disais à quel point Iain Banks était mon écrivain préféré mais que si je devais écrire un space opera, ce serait sur deux fumeurs défoncés qui manquent la guerre interstellaire parce qu’ils essaient de déplacer un canapé d’un bout à l’autre de la ville. Jonathan Strahan est alors intervenu et a dit : Je publierais ça. Ha ha ! Très drôle. Il a alors ajouté : Non, vraiment. Plus tard, on s’est croisés à une convention, et il m’a dit : Alors, cette histoire façon Iain Banks ? Et voilà, c'est fait ! Je sais, c’est une histoire absurde, mais en ces temps sombres... Sachez juste qu’elle a été écrite avec beaucoup d’amour et d’admir

W0rldtr33 - Tynion - Blanco - Bellaire


Imaginez que la fin du monde ait été évitée de justesse il y a vingt ans.
Imaginez que ça recommence aujourd'hui (oui, aujourd'hui, en 2024).
Imaginez que, cette deuxième fois et en dépit de leurs efforts, les sauveurs ne puissent rien sauver. Imaginez que, 25 ans plus tard, le combat dure toujours, mené par quelques rares survivants en lutte pour éviter l'extinction totale.
Tout ça ne serait guère plaisant. C'est pourtant précisément le point de W0rldtr33.

W0rldtr33 est une série de comics de personne d'autre que James Tynion IV qui devient vraiment mon auteur préféré.

Imaginez un Stranger Things dans lequel le « Monde à l'envers » pousserait bien plus que dans la série de Netflix.
Imaginez que ce « Monde à l'envers » ait été nommé Undernet par celui qui l'a découvert (ou involontairement appelé en creusant de plus en plus profondément dans le darknet).
Imaginez que cet Undernet soit un point de contact avec une autre dimension et une entité cannibale qui ne veut rien tant que se déchaîner dans notre monde pour le repeindre à sa couleur.
Imaginez que le petit groupe qui tente de l'en empêcher ne soit pas constitué d'enfants à vélo mais d'étudiants qui, au fil de l'eau, sont devenus des adultes, avec des forces et des faiblesses d’adultes, luttant dans un monde incrédule qui se réveille avec une gueule de bois quand l'enfer s'y déchaîne.

Pré-ap, ap, post-ap, les trois phases sont contenues dans la série (en cours).
Autour d'un petit groupe de personnes qui furent à l'origine du premier risque, lutte contre son retour puis tente ensuite de sauver ce qui peut encore l'être, Tynion sert une histoire violente, gore, menée tambour battant.
Un thriller désespéré, mené sur plusieurs époques, chacune n'étant qu'une étape dans un combat de bien plus long terme.
Un récit captivant qu'on lit en retenant son souffle tant les enjeux sont grands (de niveau The Nice House on the Lake pour ceux à qui ça parle).
C'est brillant – encore. Je le dis d'autant plus sûrement que je n'aime ni le dessin ni la colorisation. Le scénario m'a conquis. Je le conseille vivement.

W0rldtr33, volume 1, Tynion IV, Blanco, Bellaire

Commentaires

Baroona a dit…
Mais il ne dort jamais James Tynion IV, il écrit 24h/24 ? Je suis presque content que ça soit trop gore pour moi parce que ça a un côté effrayant cette productivité.
Gromovar a dit…
Il a un rythme impressionnant en effet. Un peu le Corbeyran de la grande époque.