Daryl Gregory : I’m Not Disappointed Just Mad AKA The Heaviest Couch in the Known Universe

Conseil aux nouveaux auteurs : Faites attention quand vous plaisantez en ligne. Imaginez, vous faites une blague sur l’écriture d’une histoire ridicule, quelque chose que vous n'écririez jamais ; ce n'est qu'une bonne blague jusqu’à ce qu’un éditeur en entende parler et vous demande d’écrire cette histoire. Il y a quelques années, sur un site, je disais à quel point Iain Banks était mon écrivain préféré mais que si je devais écrire un space opera, ce serait sur deux fumeurs défoncés qui manquent la guerre interstellaire parce qu’ils essaient de déplacer un canapé d’un bout à l’autre de la ville. Jonathan Strahan est alors intervenu et a dit : Je publierais ça. Ha ha ! Très drôle. Il a alors ajouté : Non, vraiment. Plus tard, on s’est croisés à une convention, et il m’a dit : Alors, cette histoire façon Iain Banks ? Et voilà, c'est fait ! Je sais, c’est une histoire absurde, mais en ces temps sombres... Sachez juste qu’elle a été écrite avec beaucoup d’amour et d’admir

Dracula - Tynion IV - Simmonds


Sortie de la VF du Dracula de James Tynion IV et Martin Simmonds, traduit par Maxime Le Dain qui se fend de surcroît d'une intéressante postface.
C'est le film de Tod Browning, le classique de 1931 avec Bela Lugosi dans le rôle-titre, celui dont une image conclut la vidéo Archive de Bauhaus, que Tynion adapte.
Il l'adapte car il l'adore (préface), il l'adapte en lui ajoutant les scènes qui se passaient hors champ, singulièrement celles qui étaient un peu sanglantes. C'est presque une version « complète » qu'offre donc Tynion ici avec son partenaire de Department of Truth.

Sur l'histoire je ne dirai rien, tout le monde la connaît (mis à part qu'ici, comme dans le film, c'est Renfield qui est le clerc de notaire envoyé dans la lointain pays du comte et pas John Harker, qui n'est qu'un Londonien épris de Mina Seward et proche de son père).

Tout le monde connaît l'histoire mais il faut absolument lire cet album, le premier paru en France de la collection Universal Monsters.
Car il est superbe, véritablement superbe.

Les dessins de Simmonds, que tu connais lecteur si tu as lu Department of Truth, font de ce récit une merveille. Son style tout de gouttes, d’éclaboussures, de grands aplats où on distingue les traces de la brosse, donnent une personnalité unique à ce Dracula. C'est un théâtre d'ombre, de nuit et de noirceur, traversé d’éclats de couleur plus souvent dus à la clarté du sang qu'à celle de la lumière qu'offre Simmonds comme cadre au récit de Tynion adaptant Browning adaptant Stoker.

  • Ils sont les ennemis :
  • Renfield, omniprésent, dont on ne distingue que les yeux hallucinées et la bouche ouverte (on dirait Nik Fiend) prête à engloutir les minuscules vies que le Maître lui autorise ; Renfield qui implore la transformation et reprend figure humaine seulement au moment de sa mort,
  • Dracula, hiératique, obscur, perdu dans les brumes qu'il engendre, tour à tour homme, loup, chauve-souris, dont les yeux sanglants sont hypnotiques et envahissent la page voire la double page lorsque ce ne sont pas ses formes qui le font dans une atmosphère écarlate de sang versé et consommé ; Dracula qui meurt au centre d'un triptyque, en Christ maléfique,

  • Ils sont les héros :
  • Seward, Harker, Van Helsing (à l'accent batave plus vrai que nature), l'opposition entre la science et la superstition,

  • Elles sont les victimes :
  • Mina, blanche et blonde comme ces héroïnes du cinéma muet (pour un film qui fut le premier horreur parlant), pervertie par un démon qui l'appelle pour la posséder,
  • Lucy, pétillante puis couchée sur ce qui sera son lit de mort, yeux, lèvres et gorge écarlates, 
  • Londres, brumeuse et polluée, où les morts se ramassent dans les rues comme on le fit sur le Vesta,
Tous sont impressionnants dans un décor qui ne l'est pas moins.


Lire Dracula, absolument, le Maître l'ordonne.

Dracula, Tynion IV, Simmonds

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