Yal Ayerdhal in Bifrost 118 - La fin de la guerre éternelle

Dans le Bifrost 118 il y a les rubriques habituelles. Critiques des nouveautés, scientifiction and so on. Il y a aussi un édito d'Olivier Girard qui rend un hommage appuyé et émouvant à Yal Ayerdhal , un grand de la SF française qui nous a quitté il y a dix ans et dont je me souviens de le gentillesse et de la capacité d'attention à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, appartenait à ce milieu qui était le sien et qui est le nôtre. Dans le Bifrost 118 , il y a   donc un gros dossier sur Yal Ayerdhal (qu'on appelait entre nous simplement Yal) . Un dossier sur l'homme actif et en colère qu'il était, de ses combats pour le droit des auteurs à son militantisme intelligent (il y en a) . Dans le  Bifrost 118  il y a aussi une plaisante nouvelle de Yal Ayerdhal,  Scintillements . Il y raconte comment finit la "guerre éternelle" entre deux civilisations galactiques qui n'auront jamais pu communiquer. Dans un écho déformé de Lem ou d'Haldema...

Madeleine, Résistante tome 3 - Morvan - Bertail - Riffaud


A la fin du volume précédent, Madeleine Riffaud était dans de sales draps. Elle venait de tuer un officier allemand et avait été arrêtée par le chef de la Milice de Versailles.
Nombre de ses camarades de la Résistance avaient payé de leur vie ce genre de cascade. Mais pas celle que son chef de groupe avait surnommée trompe-la-mort et qui, durant ce mois d'été 44 qui précédait la Libération de Paris, fit honneur à son surnom.

24 juillet 44. Madeleine est emmenée par la police au siège des Brigades spéciales pour y être interrogée par le commissaire Fernand David lui-même, un tortionnaire dont le sobriquet, « David les Mains Rouges », dit assez le genre de police qu'il pratiquait – tu apprendras avec satisfaction, lecteur, qu'il fut fusillé à la Libération.
Dès le 24 juillet donc, tout son groupe, averti, entrait dans l'ombre pour échapper à l'arrestation au cas où Madeleine aurait parlé, car « lequel d'entre nous sait comment il réagirait sous la torture ».
Sage mais inutile précaution. Madeleine ne parla jamais, se répétant sans cesse comme un mantra les consignes du Colonel Fabien pour les situations d'arrestation.

Elle ne parla pas dans les locaux des Brigades spéciales où Fernand David usait de mensonges et de la terreur qu'il inspirait pour impressionner ses prisonniers pendant que ses nervis brutalisaient résistants et juifs.
Elle ne parla pas dans ceux de la Gestapo, qu'elle dupa même en faisant croire qu'elle avait agi par vengeance après la mort de son fiancé et non par acte de résistance ; ce subterfuge ne lui sauva pas la vie, elle devait être fusillée en représailles, mais lui évita tout interrogatoire.
Elle ne parla pas à la prison de Fresnes où elle attendit son exécution en se faisant à l'idée qu'elle allait mourir et endura, dans l'attente du jour prévu, la faim et les brimades des gardiennes allemandes.
Elle ne parla pas à la Gestapo encore, quand cette organisation comprit qu'elle avait été dupe et commença donc à la torturer pour obtenir les noms de son réseau. Elle ne parla pas non plus quand on la soumit à la torture par procuration ni quand elle fut préparée pour la déportation.

Les Nazis, en passe d'être vaincus, fermaient boutique et vidaient les prisons à coup de pelotons d’exécution et de trains vers les camps. Madeleine aurait pu être de ceux qui furent tués pour solde de tout compte mais sa détermination, son silence, la remémoration de poésies et une part de chance lui permirent de tenir jusqu'à une libération qui lui offrit la possibilité de participer aux combats dans Paris. Le plus notoire fait d'armes auquel elle participa alors est l'attaque d'un train de renforts à la sortie du tunnel de Ménilmontant.

Force morale, courage, obstination et chance, Madeleine Riffaud (qui a eu 100 ans hier) ne manqua d'aucune de ces qualités pour survivre à l'arrestation sans donner personne – même si, sous la torture, « on ne pourrait pas lui en vouloir ». Elle reprit ensuite le cours d'une Résistance que les geôles avaient interrompue pour elle pendant un gros et éprouvant mois d'été.

Madeleine, Résistante, Morvan, Bertail, Riffaud

Commentaires

Roffi a dit…
Une BD qui célèbre une grande dame.On est vraiment fasciné par Madeleine et sa force de vie. Il y a des pages très dures sur la torture, et cette image d’une certaine Thérèse qu’une dame lui donne..Très beau. Tenir aussi par la poésie. On ne peut s’empêcher de se demander ce que nous aurions fait à sa place.
Gromovar a dit…
On ne peut qu'espérer qu'on aurait été à la hauteur.