Redemption, Alabama. Un enfant du coin est retrouvé tué et mutilé. Après une enquête expéditive le shérif et ses hommes mettent la main sur trois suspects qui font des coupables idéals. Deux garçons et une fille du coin, se disant satanistes tous les trois. Dans le contexte explosif de la mort d’un enfant dans une petite communauté l’affaire est pliée, c’est la chaise électrique qui attend les trois jeunes en dépit de leurs protestations d’innocence.
Cette affaire désespérée, pourtant, c’est le brillant Matt Murdoch, plus connu sous le nom de Daredevil, qui la prend en charge en défense de l’accusé principal, sur l’insistance d’une mère sure de l’innocence de son fils. En terrain hostile, l’avocat new-yorkais mettra toute son énergie à disculper son client et à découvrir le vrai coupable. Car, dans une ville où le fanatisme religieux règne et où de sombres secrets obscurcissent la vue, seul l'aveugle qu'il est peut espérer y voir clair.
Daredevil Redemption est un one-shot réédité aujourd’hui par Panini dans la collection Must-Have, après une première sortie française en 2016 et une VO sérialisée datant de 2005.
Il y a des films de procès, un genre à part entière, et sache, lecteur, que ton serviteur adore les films de procès. Daredevil Redemption est un comic de procès ; j’ai adoré.
Au fil de six chapitres qui font monter progressivement la tension, on passe sans erreur les étapes classiques de ce type de récit. L’avocat qu’on convainc de prendre une affaire perdue d’avance, l’enquête avant l’audience au cours de laquelle l’avocat de la défense – dans un pays où il n’y a pas de juge d’instruction – cherche et trouve les éléments à décharge après que police et procureurs se soient occupés de ceux à charge, la petite ville chauffée à blanc où se multiplieront menaces, intimidations et collusions (qui rappelleront To Kill a Mockingbird), la haine et la peur qui gangrènent tout, les jours d’audience durant lesquels, objections vs. contre-objections, avocats et procureur jouent à ce ping-pong si particulier du procès américain dans lequel la vérité compte moins que les arguments susceptibles de faire pencher dans un sens ou dans l’autre la conviction irrationnelle des jurés (alors même que Murdoch essaie de ramener au centre ce "doute raisonnable" qui est au cœur du procès pénal américain et qui était le point unique du célèbre Douze Hommes en colère), jusqu'au verdict et ses conséquences.
Si on ajoute à ce qui précède des questions d’ultra-religiosité, de violences domestiques, et d’opposition explicite entre rednecks d’Alabama et city slickers de la Côte Est, Daredevil Redemption constitue un bon album au rythme parfait qui se lit comme on regarde un bon film de procès, librement inspiré qui plus est par l'affaire des West Memphis Three. La fin est...il faudra lire. Bonne pioche en tout cas, le moral revient après deux lecture comics consternantes.
Et oui, j’oubliais, c’est vraiment une histoire de procès : Matt Murdoch est aux manettes, Daredevil ne fait que de brèves et presque inutiles apparitions.
Daredevil Redemption, Hine, Gaydos
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