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The Last Murder at the End of the World - Turton Stuart


Terre, futur pas si lointain.
Un mystérieux brouillard plein d’insectes dévoreurs de chair humaine a surgi d’immenses trous dans le sol et s’est progressivement répandu sur la Terre entière. Cette apocalypse provoquée par une arme inédite à la paternité incertaine a éradiqué l’espèce humaine, l’effondrement social ayant même souvent précédé l’arrivée des massacreurs de l’humanité.
Quelques décennies plus tard survivent, sur une petite île grecque protégée par un champ d’énergie qui bloque le brouillard en mer, une grosse centaine de villageois « guidés » par trois scientifiques présents depuis le cataclysme. Et voilà qu’alors que le roman commence, Niema, l’une des trois « sages », dialogue avec un interlocuteur invisible qui lui confirme que quelqu’un doit mourir pour qu’un monde d’égalité parfaite advienne.
Il s’avérera (pas si vite que ça) que le dit meurtre mettra en danger de mort toute la petite communauté, car passé ce dialogue initial commence à se dérouler un compte à rebours dont la première étape dans le livre est : « 107 heures jusqu’à l’extinction de l’humanité ».


Stuart Turton est l’auteur des 7 morts d’Evelyn Hardcastle et de L’étrange traversée du Saardam – le premier bien plus réussi que le second. Dans les deux cas il s’est présenté comme l’auteur qui invente des mystères où rien n’est ce dont il a l’air, où la surprise surgie de la réalité cachée des choses, lors d’un dévoilement qui efface les illusions qu’avait placées Turton sous les yeux du lecteur pour l’induire en erreur comme le font les prestidigitateurs.
Ici encore un écran de fumée dissimule au lecteur tant la réalité de l’île que, bien sûr, le responsable du meurtre-titre. Il reviendra à l’enquêtrice, Emory – l’une des villageoises –, de lever cet écran pour montrer à tous ce qui s’est réellement passé.


Si dès le début on comprend que des choses ne collent pas (« She looks to be around fifty and has for the last forty years » ; « She was only given her son three years ago » ; « Matis is nearly sixty, which makes him the oldest man in the village »), on les met un temps sur le compte d’une technologie plus avancée.
Puis on comprend vite (sûrement trop vite pour la qualité de l’illusion) qu’il y a plus que ça à ce qu’on observe. Qu’il y a un secret qui sous-tend la société insulaire, que ce non-dit est au cœur du dernier meurtre à la fin du monde, et qu'il revient à Emory de le dévoiler pour ses compagnons comme pour le lecteur. Sans éclat imho.

« Blessed the meek, for they shall inherit the Earth », « Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage ». Lisant The Last Murder at the End of the World cette phrase de l’apôtre Matthieu (5:5) me trottait dans la tête. Pas seulement dans la mienne apparemment car vient un temps où elle apparaît explicitement dans un roman dont elle est l’une des clefs.
Le problème est que les doux, les débonnaires, comme le sont les villageois, ne sont pas des personnages très intéressants. Et cela reste vrai durant tout le texte.
De fait, le premier quart du livre introduit le lecteur à l’île et à ses étrangetés. C’est titillant mais tout lecteur habitué d’Imaginaire comprend trop vite de quoi il retourne pour que le challenge de la découverte soit vraiment amusant.
Puis survient – page 100 – le « dernier meurtre » et le péril mortel qu’il fait peser sur tout ce monde (no spoil). Restent alors 250 pages d’enquête, qui sera menée par Emory, la seule villageoise qui depuis toujours pose des questions, s’attirant de ce fait l’inimitié de beaucoup alors que la vie est si belle. Et pour enquêter Emory ne sera pas seule, non. L’aideront sa fille Clara et, peu ou prou, son père Seth ; tout ce petit monde étant fâché au début et tout ce petit monde apprenant à se retrouver et à se re-aimer au fil du roman – c’est bô.

Long story short, pour ne pas spoiler car certains liront quand même le livre. The Last Murder at the End of the World est un roman Imaginaire pour béotiens de l’Imaginaire, un roman à happy end pour lecteurs bien braves (no spoil, voir les titres de parties), et un murder mystery si tortueux qu’il en devient presque absurde. La complexité des événements entourant le meurtre, le truc permettant de rendre le tout mystérieux, les surhumains dons de déduction à partir d’informations contradictoires d’une amatrice qui enfonce un Sherlock Holmes dont c'était toute la vie, les twists déductifs divers qui jalonnent le récit, tout est construit, comme dans tout roman, mais ici tout fait construit, tout peut s’observer comme construit sans avoir besoin de grande perspicacité.
Lisant The Last Murder at the End of the World on a l’impression de faire ces mots croisés aux définitions improbables dont le seul but est de prouver à quel point leur concepteur est malin, plus malin que le joueur. C’est stérile et pénible, d’autant que le contexte, quelque part entre le monde des Settlers et l'une de ces robinsonnades que Marx avait en horreur (ce qui n’est pas forcément gage de qualité), empêche de vraiment s’impliquer dans une histoire qui semble se dérouler dans un décor de cinéma. Et les meeks, Beurk !

The Last Murder at the End of the World, Stuart Turton

Commentaires

Baroona a dit…
J'ai l'impression qu'il va reste l'auteur d'un seul excellent roman. Ce qui est déjà pas mal, cela dit.
Gromovar a dit…
Oui, il faut qu'il change de formule.