Etienne Barillier : Mes Utopiales de B à V

Comme chaque année, vers Walpurgis, se sont tenues les Utopiales à Nantes. 153000 visiteurs cette année, et moi et moi et moi. Ne faisons pas durer le suspense, c'était vraiment bien !!! Genre grave bien !!!! Aux Utopiales il y a surtout des auteurs qu'on va retrouver jour après jour ci-dessous (ou dessus, ça dépend dans quel sens vous lisez) , sur plusieurs posts successifs (survivance d'un temps où on économisait la bande passante – « dis ton âge sans dire ton âge ») . Tous les présents aux Utos n'y sont pas, c'est au fil des rencontres que les photos sont faites, la vie n'est pas juste. AND NOW, LADIES AND GENTLEMEN, FOR YOUR PLEASURE AND EDIFICATION, THE ONE AND ONLY ETIENNE BARILLIER

Something is Killing the Children t1, Tynion IV, Dell’Edera, Muerto


Juste quelques mots (et cette fois vraiment pas plus) sur le TPB 1 du Something is Killing the Children de l’énorme James Tynion IV, illustré par Dell’Edera et Muerto.


Commençons par donner le résumé éditeur :

Lorsque les enfants de la petite ville d'Archer's Peak se mettent à disparaître les uns après les autres - certains sans laisser la moindre trace, d'autres dans des circonstances extrêmement violentes - la peur, la colère et la suspicion envahissent l'entourage des victimes et laissent la police locale dans le plus grand désarroi. Aussi, quand le jeune James, seul témoin oculaire du massacre de ses trois camarades, sort de son mutisme pour parler de créatures terrifiantes vivant dans la pénombre, le coupable semble tout trouvé.

Son seul espoir viendra d'une étrange inconnue, Erica Slaughter, tueuse de monstres capable de voir l'impensable, ce que l'inconscient des adultes a depuis longtemps préférer occulter.


Something is Killing the Children est l’histoire de James, seul survivant et seul témoin oculaire d’un massacre, dans une petite ville US où les enfants se sont mis à disparaître – je parle ici de ceux qu’on en retrouve pas morts, déchiquetés.

C’est aussi l’histoire d’Erica Slaughter, une tueuse de monstres débarquée dans la ville pour régler le problème et à qui James, qui veut aider pour surmonter sa culpabilité, s’associe plus ou moins.

C’est l’histoire d’une menace, d’un monstre, qui s’abat sur une petite communauté et la meurtrit atrocement et de celle qui, par mission et vocation, va l’affronter.


Ici, lecteur, deux possibilités : tu as lu Department of Truth ou pas.


Si tu as lu l’autre œuvre monumentale de Tynion IV, sache que SIKTC semble en être une version plus simple, plus directe, qui met en scène de jeunes héros (approche film d’horreur là où DOT est la version espionnage) en lieu et place des personnages blanchis sous le harnois de DOT. Une version plus simple qui ne fait pas double emploi, qui donne juste le sentiment que Tynion IV revient – comme il la faisait d’ailleurs aussi dans The Nice House on the Lake – à son thème récurrent de la réalité derrière la réalité. Comme dans ces deux autres œuvres magistrales, l’auteur y développe, au fil d’une narration toujours brillante, l’idée selon laquelle existe, derrière le monde connu et perceptible tant à l’entendement qu’aux sens, une autre réalité, dissimulée, faite de complots, de monstres, d’aliens. Une réalité qui clashe parfois la nôtre et dans laquelle se trouvent entraînés des bystanders innocents qui doivent à la fois faire le deuil de l’illusion de la normalité et apprendre en accéléré à gérer un réel bien moins stable et immuable que celui auquel ils croyaient appartenir.

C’est donc une nouvelle itération de la sortie tynionienne de la caverne que propose ici l’auteur, une sortie qui, comme dans toutes ses autres séries, est bien moins paisible que celle que proposait Platon et implique un guide qu’on ne peut que difficilement qualifier de philosophe.


Si tu n’as pas lu les autres créations de James Tynion IV, sache alors, lecteur, que Something is Killing the Children – pour ce qu’en montre ce premier TPB –, est une très bonne histoire de monstres, de sociétés secrètes et de pouvoirs occultes qui met en scène une héroïne badass qui rappelle – jusque dans certains de ses gestes illustrés par Dell’Edera – cette Buffy qui chassaient les vampires qui, eux aussi dissimulés à la connaissance du grand public, infestaient la petite ville de Sunnydale et contre lesquels luttaient des chasseuses coordonnées par l’organisation des Veilleurs. Dans ce TPB 1 on ne voit pas encore l’organisation secrète derrière Erica Slaughter mais on comprend, à ses effets sur la police locale, qu’elle existe et est puissante. D'obscurs Puppet Masters existent et agissent, comme dans Buffy, comme dans les autres œuvres de Tynion IV.


Que tu arrives par une voie ou par l'autre, sache, lecteur, que la fin est un cliffhanger terrifiant qui te (me) poussera à lire la suite. Sache que tu auras dans ce tome 1 le point de vue de celui qui a survécu à un massacre incompréhensible, s'incruste dans l'opération de l'héroïne, va découvrir peu à peu ce qui se cache derrière l'image d'Epinal d'un monde matériel paisible où les monstres n'existent pas – et que tu le suivras dans cette découverte. Sache que tu y peux y prendre le simple plaisir régressif qu'offraient les films d’horreur en VHS ou y chercher un plaisir symbolique plus métatextuel – your choice. Sache aussi que si tu veux une analyse bien plus poussée de la série, tu la trouveras sur le site de Weirdaholic et que, d’une façon ou d’une autre, tu as tout intérêt à venir à cette lecture.


Something is Killing the Children t1, James Tynion IV, Dell’Edera, Muerto.

Commentaires

Anonyme a dit…
Tiberix : Buffy en version adulte en effet. Du *très* bon même si l'intrigue est assez limitée.
Gromovar a dit…
On se fait la suite rapidement. Et celle de Regression aussi d'ailleurs.