The Strange - Nathan Ballingrud

  Mars, New Galveston, 1930 environ. Annabelle Crisp vit avec son père loin de son monde d'origine, sur une planète rouge qui est occupée depuis la Guerre de Sécession. 70 ans de présence humaine chiche sur un monde désertique vide de toute vie autochtone. Trois aller-retours annuels assurés par des « soucoupes ». Un mode de vie qui ressemble à celui laissé sur Terre : petite ville communautaire habitée par de braves et bonnes gens (étonnamment, pas de pasteur) , shérif et adjoints, mineurs (ils vivent non loin, à Dig Town) qui extraient un étrange minerai phosphorescent (the Strange) envoyé sur Terre et utilisé aussi localement comme source d'énergie tant pour les soucoupes que pour les Machines (des robots plus ou moins humanoïdes qui assistent les humains dans quantité de tâches, de la plonge jusqu'à la guerre) . Sans oublier des cultistes dingos dans le désert, et même, maintenant, des bandits. Car c'est ainsi que commence le roman, par l'intrusion de trois vo...

L'orateur - Blengino - Goy - Palma


Quelques mots sur le one-shot L'Orateur, récemment sorti chez Glénat.

Rome, IIe siècle. Edilus est médecin, grec d'origine, il a un fils prénommé Alexandros. Et aujourd'hui, en pleines Lupercales, Edilus vient consulter son patient Marcus Cornelius Florens, surnommé L'orateur, le plus grand avocat de Rome. Car Edilus, fort de sa Patria Potestas, souhaite déshériter son fils - ce qui ne pose aucun problème, contrairement à la France où la réserve héréditaire serait protégée pour le rejeton -, et réfléchit aussi à le tuer - ce qui, dans la loi romaine, n'est pas aussi clair que ça a parfois été dit. Voilà pourquoi Edilus a besoin, sur la faisabilité de la chose, d'un avis d'expert, celui de l'hypocondriaque Marcus.


Mais Marcus qui, une fois encore, se voit mourant, envoie balader son interlocuteur. Veuf, en deuil non seulement de sa femme mais  aussi de ses deux fils, l'homme n'a pour compagnons proches que deux esclaves, le jeune Antoninus et le robuste Cosimus. Au repos, retiré dans sa propriété, Marcus ne plaide plus. L'essentiel de ses activités consiste à rédiger des versions successives de son testament et à rendre visite à la tombe de sa défunte épouse.

Alors quand, deux jours plus tard, un questeur vient lui annoncer qu'Edilus a été assassiné et qu'Alexandros est détenu, accusé de parricide - le crime le plus grave qu'un Romain puisse concevoir -, Marcus sort de sa retraite pour tenter de disculper le jeune homme.


L'Orateur est un très bon album et un vrai plaisir de lecteur.

D'abord il est graphiquement très beau. Style réaliste et très BD à la fois, grande précision de l'architecture romaine, couleurs douces, éclairages réussis, l'ensemble est vraiment beau.

Ensuite, et c'est l'essentiel, il raconte une histoire qui captive vite. Marcus, cabotin et imprévisible - il joue sa vie au dé comme L'homme-dé (kind of) -, est une sorte de Sherlock Holmes antique qui voit les détails, cherche et confronte les témoignages, autrement dit enquête vraiment là où l'accusation se contente de la parole d'un délateur. Il y a quelque chose d'Atticus Finch dans cette défense contre la vox populi aux maigres chances de succès. En revanche, Marcus n'est pas le juré n° 8 de Douze Hommes en colère. Pour sauver son client ce n'est pas le doute raisonnable qu'il cherche (notion inconnue à Rome) ni même la vérité toute crue. Pour gagner, Marcus sait qu'il doit raconter une histoire crédible plus convaincante et séduisante que celle de son adversaire. Marcus a besoin d'une histoire que la justice puisse croire sans avoir l'impression d'être dupe. C'est de cette façon qu'il va assembler et présenter les éléments recueillis lors de sa minutieuse enquête.

Enfin, L'Orateur est écrit par des auteurs qui se sont visiblement bien documentés. De l'Urbs au port d'Ostie, du latifundium de Marcus aux marches du Forum, la culture romaine imprègne tout l'album. Pas d'empereur ou autre spectacle ici, il s'agit de procès, de déduction, de droit romain, de médecine antique, de tavernes et de « louves », de christianisation et d'hellénisation. A la lecture de L'Orateur on est baigné dans le monde antique. Et c'est agréable. Viens-y donc, lecteur !


L'Orateur, Blengino, Goy, Palma

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