Comme tous les quelques mois depuis deux ans, voici qu’arrive, avec ce volume 6, la nouvelle livraison de
Fables version Urban Nomad.
La grande guerre contre l’Adversaire gagnée et la destruction de Fableville, hélas, irréversiblement réelle, les Fables réfugiés à la Ferme doivent se garder de l’hostilité d’un Mister Dark qui veut leur élimination complète.
Mais d’abord, sur un avertissement de l’exilé Jack, Blanche Neige et Bigby se lancent à la poursuite d’un Littéral dépressif qui ne veut rien moins que réécrire complètement l’histoire, annulant par là même de la réalité présente et passée les Fables et leurs aventures.
Détails : Kevin Thorn, Littéral, est l’un de ces immortels qui écrivent l’univers et le font ainsi advenir. Dépité par la manière dont ses récits ont été peu à peu pervertis par Willingham et sa clique, il décide, après avoir tenté maintes corrections toujours insatisfaisantes, de repartir complètement de zéro. Ce qui signifie un nouvel univers, de nouveau personnages et adieu les Fables – les Communs aussi mais les Communs on s’en fout. Pour sauver rien moins que tout ce qui existe, Bigby, Blanche, et leurs alliés parmi lesquels certains Littéraux qui s’opposent aux projets de Kevin, se lancent dans la traque du Littéral génocidaire et même, n'hésitons pas à l'écrire, univercidaire. Une traque longue, complexe, dangereuse et meurtrière, qui les met aux prises avec l'incarnation des genres littéraires, invoqués par Thorn, et durant laquelle ils recevront l'aide inattendue de Jack Frost.
Avec ce long arc intitulé La Grande Alliance, Willingham se moque tant des crossovers que des reboots. Il introduit quantité de métaréflexions qui parleront surtout aux lecteurs assidus de comics mais livre néanmoins un récit d’aventure épique et cohérent qui peut emporter l’adhésion de n’importe quel lecteur. Et quel plaisir de le voir mettre en scène une famille de Littéraux qui rappellent, par leur immortalité familiale et leurs pouvoirs sur-divins – car, définissant l’univers, ce sont eux qui en définissent les divinités possibles –, les Infinis de Sandman.
Suit un « prequel » qui livre les origines de Mister Dark, croquemitaine éternel emprisonné dans le défunt Empire qui parvient, à force de manigances, à retrouver une très regrettable liberté.
Cette histoire courte pose les fondations de l’arc suivant – Sorcières – dans lequel la Sorcière de la Forêt Noire abandonne ses fonctions éminentes auprès du roi Cole et part secrètement à travers les royaumes fabuleux à la recherche d’un moyen de vaincre Mister Dark, alors qu’à la Ferme une nouvelle sorcière, Ozma, prend la tête du convent magique et commence à organiser les moyens de la reconquête de Fableville et de l’élimination de la menace Dark. Le tout en contrant les intrigues d’un Gepetto qui se verrait bien prendre le contrôle des Fables faute de retrouver son ancienne puissance, et alors que Buffkin, le singe volant de la Sorcière de l’Ouest, sauve le monde du retour d’une Baba Yaga bien décidée à faire payer ses années d’emprisonnement.
L’album dense se termine sur une histoire courte dans laquelle on voit le roi Mouche être contraint pour la première fois d’exercer ses pouvoirs de justice dans son royaume de paix et de concorde, et découvrir à cette occasion qu’entre la Justice avec un grand J et les nécessités de la conduite d’un Etat il y a parfois plus que l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette. Conan aussi ne posait la couronne d’Aquilonie que sur un front troublé…
Sixième tome aussi agréable à lire que les précédents, même si après le climax du volume précédent celui-ci ressemble un peu à une mi-temps, ce moment durant lequel on fait le point de la première moitié du match et où l’on pose les bases stratégiques et organisationnelles de la seconde moitié. C’est globalement fait. J’attends maintenant avec impatience les 45 dernières minutes.
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