Thomas Cochrane. Marin, aventurier, inventeur, amiral. Héros britannique des guerres napoléoniennes, disgracié dans son propre pays à la suite de malversations dont il n'était pas responsable, « libérateur » des mers sud-américaines de l'emprise espagnole, combattant de l'indépendance grecque aussi. Une bio Wikipédia impressionnante. Qu'on pourrait enrichir, grâce à l'auteur chilien Gilberto Villarroel, de la mention d'Ennemi juré de Cthulhu. Lord Cochrane et le trésor de Selkirk fait en effet suite à Cochrane vs Cthulhu et à Lord Cochrane vs l'Ordre des catacombes, parus précédemment même si les événements du dernier opus se situent dans l'intervalle de temps qui sépare les deux premiers. Le héros écossais y découvrait l'existence des Grands Anciens qu'il combattait dans un tourbillon de cape, d'épées et de poudre.
Faut-il avoir lu les autres tomes pour pouvoir lire celui-ci ? Non. Est-ce utile ? Sans doute.
Chili, 1822. Après avoir lutté des années pour aider à libérer les mers chiliennes et péruviennes du joug espagnol, Cochrane sent que le moment est venu pour lui de quitter les terres Pacifique. L'atmosphère politique a changé et il préfère partir avant d'être obligé de prendre partie dans la guerre civile qui s'annonce. D'autant que l'empereur du Brésil lui propose de devenir l'amiral en chef de la flotte brésilienne. Deux bonnes raisons de mettre les voiles et de rejoindre Rio de Janeiro. Mais pas d'une traite.
Mis par le général chilien O'Higgins sur les traces d'un trésor dont lui seul comprend l'importance, Cochrane cingle avec deux navires – l'un est son fameux steamer de guerre le Rising Star – vers la légendaire « île de Robinson Crusoé », qui abrita le capitaine Selkirk, capitaine abandonné par ses hommes sur une terre où il passa quatre ans. Une histoire qui inspira Defoe. De là, Cochrane veut se rendre dans les « Montagnes Hallucinées » qui seraient près de la Terre de Feu et dont Selkirk aurait eu connaissance. Sur sa route, un pirate, revanchard et sanguinaire, qui sera un caillou récurrent dans ses bottes. Jusqu'au bout du monde.
Ecrit sur une période de quatre ans, le roman a pâti semble-t-il de ce long temps d'écriture. L’admiration que Villarroel exprime pour Cochrane, qu'on sentait dans les deux volumes précédents, est ici vraiment excessive. Et de nombreuses phrases, trop explicatives, paraissent maladroites. Mais surtout, pendant un gros tiers du roman, entre arcanes de la politique chilienne, séisme en background et roucoulades, il ne se passe pas vraiment grand chose d'utile. Ce n'est qu'au moment des premiers combats sur l'île de Crusoé que l'action démarre enfin. Et là, la lourdeur s'efface, les qualités vues dans les tomes précédents reviennent et le roman devient haletant. Pour comprendre, il faut savoir que Lord Cochrane et le trésor de Selkirk n'est que la moitié d'un roman dont la suite est à paraître. Le gros premier tiers peut alors être vu comme une longue introduction avant qu'on ne retrouve un Cochrane fort en actes et haut en couleurs dressé avec ses hommes (et femme) de confiance face à un mal antédiluvien. A la fin de ce volume il s'apprête à partir pour le cœur des ténèbres, accompagné d'alliés Selk'Nam à qui l'auteur rend, deux siècles après, vie et voix. Tekeli-Li !
Lord Cochrane et le trésor de Selkirk - Gilberto Villarroel
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