Quatre ans après un volume qui se voulait one-shot, le comte Zaroff revient pour de nouvelles aventures, qualifiées de Vengeance bien que ce ne soit pas évident à la lecture de l'album.
1941. Après ses aventures sud-américaines, Zaroff vit maintenant aux USA. Il s'y fait discret depuis des années mais il y a aussi repris ses mauvaises habitudes. C'est au fin fond du Maine que vient le dénicher le maintenant capitaine de l'US Army Sanger Rainsford, le seul rescapé de ses chasses, non pas pour l'éliminer mais pour lui proposer un deal : l'amnistie et l'oubli de la part des autorités américaines en échange de la participation du comte à une opération d'exfiltration en territoire soviétique. Il faut dire qu'on est en 1941, que la bataille de la bombe atomique est lancée, et que les USA comptent bien la gagner, y compris contre leurs « alliés « soviétiques. Voilà pourquoi il leur faut « récupérer » dans Moscou assiégée par la soldatesque allemande une brillante physicienne qui pourrait apporter ses idées au projet Manhattan. Détail : la physicienne en question a la particularité d'avoir eu une relation amoureuse avec Zaroff.
Capacité de conviction supposée, talents de chasseur, connaissance du terrain, Zaroff est l'homme qu'il donne une chance à cette mission suicide de réussir. Il sera parachuté avec un commando derrière les lignes allemandes. Charge à lui de conduire son groupe jusqu'à la ville, de l'y faire entrer, puis de faire ressortir équipe et physicienne afin de les conduire jusqu'au point de récupération. Plus facile à dire qu'à faire entre danger des combats et rigueur de l'hiver russe.
La Vengeance de Zaroff est un album dont le scénario est différent de celui de son prédécesseur mais les deux partagent des points communs. On y voit la famille de Zaroff, mère comprise, dans une posture bien différente de celle qu'elle avait dans le volume précédent. On y voit le comte servir de protecteur et de mentor à un commando US en dessous des capacités nécessaires à la très dure mission, mais se poser aussi en berger de son troupeau humain, capable chaque fois que nécessaire d'éliminer les « bêtes » trop faibles qui handicapent le troupeau dans son ensemble et donc la mission.
Superbement dessiné, l'album, toujours sous le pinceau de Miville-Deschênes, parvient à faire oublier la somptueuse forêt tropicale du premier volume. La neige dans la nuit, les lumières dans les arbres, les ciels ou les explosions, tout est beau dans un album qui se veut réaliste dans le trait.
Le scénario est prenant et tire sa dynamique de l'affrontement à distance entre Zaroff et un officier SS assassin alors qu'autour d'eux la bataille fait rage. Il fait le job en donnant envie de tourner une page après l'autre, et illustre une fois encore longuement la compétence de Zaroff, machine à traquer et à tuer sans égale, si efficace qu'il parait surhumain.
On regrettera juste deux ou trois pages délirantes vers la fin qui, outre qu'elle sont outrées au point d'être très peu crédibles, semblent donner une origine à la folie meurtrière de Zaroff. Sacrifiant au syndrome Joker, Runberg s'avère hélas contemporain en ceci qu'à tout mal il lui faut trouver un responsable et une cause. On peut préférer que le Mal soit incompréhensible, devenant par là-même métaphysique. C'était le cas de Zaroff jusque là.
La Vengeance de Zaroff, Runberg, Miville-Deschênes
Commentaires
Ce (second? Deuxième?) tome, ça tourne un peu au "Rambo", là, non?
J'emprunterai sans doute en bibliothèque les deux volumes de cette BD, que je découvre ici, merci!
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Bon, si je devais me référer cpour comparaison à des films récents, pour le premier ce serait un peu le film Equalizer 3 (massacre de mafiosi), tandis que pour le second je citerais plutôt le film Sisu (massacre de nazis)...
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola