After the Animal Flesh Beings est une nouvelle de Brian Evenson, téléchargeable sur le site de Tor. Et c'est un véritable bijou.
Loin, loin, loin dans l'avenir. La biodiversité est tombée à zéro ou, pour le dire autrement, il n'y a plus d'être vivant sur Terre. Crap ! Mais il y a encore des êtres sentients, concrètement une communauté (au sens de Tönnies) de robots qui sont nos seuls descendants, abandonnés comme des enfants orphelins.
Ces enfants, dont la psyché ressemblent fortement à celle d'humains des temps proto-historiques, peuplent leur monde de légendes, de contes, de récits qui aident à comprendre le monde autant qu'à se souvenir de ce qui fut.
Ils forgent des mythes, une forme de cosmogonie, et, contrairement aux nietzschéens, assistent effectivement à la mort de Dieu.
Ils sont une forme de nous, encore habités par la naïveté de ceux qui veulent comprendre le monde sans avoir les outils pour le faire et que nous avons perdue dans la désenchantement du monde.
Ces robots se disent en cinq histoires qui ne s'adressent pas à nous mais à eux-mêmes :
L'une raconte comment « naissent » leurs « enfants » et interroge sur le la filiation qui existe entre ces robots et nous.
Une autre la difficulté à élever un « enfant » handicapé. Elle renseigne sur les limites de la communauté robotique.
Un troisième récit est une légende des temps d'avant. Elle montre comment la non-vie peut-être une vie. Ca peut s'appliquer au robot.
La suivante parle de manque, de perversion, d'horreurs. Elle crée dans l'imaginaire le croquemitaine que toute société propose à ses enfants.
La dernière enfin informe sur la mort de Dieu. Et l'espoir d'un retour voire d'une résurrection, cyclique comme le rythme des saisons.
Écrit dans une langue cristalline et émouvante, sur un ton qui dit la découverte du monde et la simplicité des sentiments et des questionnements, After the Animal Flesh Beings est un véritable bijou qui touche aussi fort avec des robots que le faisait, dans un tout autre genre, le Lifecycle of Software Objects de Ted Chiang.
A lire absolument. Et imho une revue au nom de pont-arc-en ciel devrait s'y intéresser.
L'avis de Feyd Rautha
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