L'Ombre sur Innsmouth - Lovecraft illustré par Baranger

Comme deux fois déjà , je signale la sortie d'une adaptation de Lovecraft par François Baranger. Il s'agit cette fois de The Shadow over Innsmouth , ici traduit littéralement L'Ombre sur Innsmouth au lieu du plus traditionnel Le Cauchemar d'Innsmouth . Comme pour les deux adaptations précédentes, je ne vais pas chroniquer un texte connu et maintes fois résumé, analysé, décortiqué. Je te renvoie donc pour l'histoire, lecteur, à la fiche Wikipedia de la nouvelle, fort bien faite si ce n'est qu'à l'instant où j'écris ces mots la version de Baranger ne s'y trouve pas encore. Tu prendras plaisir, j'en suis sûr, à lire la belle préface de Sandy Petersen, notre maitre à tous, à parcourir les rues de la très décatie Innsmouth dans les pas de Robert Olmstead, à pénétrer dans la délabrée Pension Gilman, à contempler la façade du bâtiment abritant L'Ordre ésotérique de Dagon , à côtoyer des Marsh, trop de Marsh. Le "masque d'Innsmouth...

Living in Sin - Ian R. MacLeod


Je faisais hier un parallèle entre Ian R. MacLeod et Paul Schrader. Living in Sin, lisible là, est une nouvelle de l'auteur britannique qui illustre fort bien ce point.

Imaginez un monde, le nôtre, dans lequel le dieu des chrétiens se manifesterait. Miracles, punitions divines, impossible de nier l'existence d'un Dieu qui se donnerait à voir dans des manifestations aussi courantes que spectaculaires. Les conséquences seraient évidentes : l'Eglise y aurait tout pouvoir, et à la théocratie politique ultra-normative s'ajouterait le contrôle social constant exercé par la communauté.

Living in Sin, un récit contemporain qui commence par « I can still remember the last burning. I was ten or maybe less. Too young to understand, but I knew it was something special. », raconte l'histoire à la première personne d'un narrateur qui vit dans le péché depuis des décennies avec la femme qui partage sa vie, Annie. Ils ont une fille, May, qui est normale, non handicapée. Et ce simple fait est considéré par le couple et la communauté comme le signe que Dieu n'a pas formellement condamné cette union pourtant éminemment critiquable.
Mais May a grandi, elle est devenue une adolescente, et il semble que Dieu a même des plans grandioses pour la jeune fille. Au désespoir de son père...

Sexe et religion, religion et sexe, puritanisme et torture mentale auto-infligée, règles religieuses et  sanctions formelles, il y a tout ce qui caractérise l'oeuvre de MacLeod dans ce texte de neuf pages ; le style aussi, cette manière de dire par petites touches (en dépit du début), en centrant son descriptif sur les perceptions d'un personnage.
Le tout est au service d'un point : l'homme n'est jamais heureux, torturé qu'il est entre aspirations supérieures, règles sociales, et faiblesse humaine. Sexe et religion, toujours impératifs et toujours déceptifs, le torturent et le déchirent. Ils sont aidés dans cette entreprise par l'ordinaire vilenie humaine, et tous ensemble l'écartèlent jusqu'au point de rupture. C'était aussi, sous une autre forme, le point de Bien-aimé.

Living in Sin, Ian R. MacLeod

Commentaires

Roffi a dit…
Merci pour cette chronique très inspirante et ses pistes de réflexion .