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Gromovar
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BLOG EN MODE DÉGRADÉ
ON REFERA MIEUX QUAND ON POURRA MIEUX.
JUSQUE LÀ, LECTEUR, POUR ENCORE QUELQUES MOMENTS, IL TE FAUDRA ACCEPTER DE ME FAIRE CONFIANCE SUR JUSTE DEUX OU TROIS LIGNES.
2173, Terre et au-delà.
La Grande Migration climatique consubstantielle au réchauffement s'est soldée par quatre milliards de morts environ (une vraie démonstration malthusienne du conflit perdant entre finitude des ressources et infinitude de l'accroissement humain) et la mise au rebut pour inhabitabilité d'une bonne partie de la surface terrestre. L'humanité n'en sortit de justesse que grâce à la fusion nucléaire et au « Pacte des nations sur l'énergie ».
Parallèlement, le théorème de Tao, dit théorème des plafonds, a prouvé qu'il était impossible de dépasser certains seuils et que donc tant l'intelligente artificielle ultime que le voyage supraluminique resteraient pour toujours des rêves.
Calmée par l'effet de ses excès comme par le théorème de Tao, l'humanité s'est apaisée scientifiquement, économiquement, politiquement, et ne cherche plus à franchir des barrières sans fin – nos descendants ont tous l'air de cadres parisiens partis ouvrir une fromagerie bio dans une ville de province. Les humains vivent maintenant sur une planète avec qui ils tentent plutôt bien de composer et ils acceptent de voir leur vie facilitée et parfois guidée par des assistants numériques très nombreux mais limités au point d'avoir besoin (comme les « IA » contemporaine) d'être assistés par des humains pour les choix indécidables. Une humanité enfin raisonnable. Quoique...
En 2097, la docteur Xiu Mipikan démontre que l'espace-temps est plié (froissé) comme une boule de papier et qu'il est possible (en positionnant au nanomètre près « six couples de noyaux relativistes sur les pôles d'une sphère d'un millimètre de diamètre ») de donner naissance à un trou noir qui, de fil en aiguille, créera un trou de ver vers une fontaine blanche à un autre bout de l'espace-temps. Plus qu'à traverser avec des vaisseaux ad hoc (les orques), qu'à reboucher les trous de ver en se positionnant tête-bêche avant que les trous noirs ne grossissent trop, et le tour est joué ! On est à des centaines/milliers/millions d'années-lumière de la Terre, dans une autre strate de l'espace-temps. Pour revenir ensuite au bercail, il faut suffit de recréer un trou de ver pile au même endroit. Pas de panique à bord ! Les calculateurs de l'orque s'en chargent.
Des hordes d'orques, envoyés par deux administrations concurrentes, explorent donc les strates (on dit qu'ils minent l'espace-temps) à la recherche d'antimatière, la source d'énergie ultime. Les « mineurs » sont comme les astronautes de l'âge d'or, ils en ont grave et ils ont un code d'honneur entre eux qui en fait des frères et sœurs d'aventure ; même si la routine s'est installée et que la recherche infructueuse de l'antimatière commence à ressembler à une chasse au dahu.
Et puis, voilà qu'un jour un orque subit une avarie grave qui l'envoie dans une strate inconnue lors de son transit. Et, qu'en dépit des réticences de l'une des deux administrations responsables (dont on comprend qu'elle cache un sinistre secret, d'un genre qui devient hélas redondant dans toute la littérature de genre en ce moment), on envoie, sous l'égide de l'autre administration et grâce à un coup de menton bienvenu d'un équipage d'orque, un vaisseau de sauvetage vers la strate d'échouage.
La tragédie de l'orque est le premier tome d'une trilogie à paraitre, la trilogie baryonique. Il met en scène deux équipages, Tom et Youri / Slow et Sara, ainsi que la famille de Sara sur Terre constituée de son père, ex-mineur et dirigeant émérite, sa femme, et sa fille. S'ajoutent à ces sept personnages quelques autres acteurs, proches ou administratifs.
La tragédie de l'orque présente le futur de la planète, la manière dont l'humanité franchit les barrières, la manière dont une partie de l'humanité ment à l'autre et ne met pas de point final à ses pratiques prédatrices, la manière dont se passera peut-être une rencontre inattendue. Il laisse entendre aussi que les IA pourraient avoir une vie propre et qu'elles ne sont peut-être pas aussi gourdes qu'on le croit. Il raconte aussi l'histoire d'une fille et d'une épouse rongées par l'inquiétude de la perte sur un fond émotionnel déjà miné par de trop longues et fréquentes séparations.
Il fait tout ça et pourquoi pas ? Le roman n'est jamais déplaisant à lire. Néanmoins j'y trouve beaucoup à redire. Un contexte donné par de massifs infodumps (le contraire exact du show don't tell ici présenté comme révision d'examen), une trop grande simplicité de tout ce qui est technique, en dépit de quelques explications que je ne trouve guère convaincantes (et je n'ai même pas cherché à comprendre comment en entrant dans un trou de ver, même avec un vaisseau déglingué, on peut en sortir ailleurs qu'à la sortie ouverte initialement et qui existe toujours), des dialogues volontairement très casuals (voilà pourquoi j'ai mobilisé dans certains passages de cette chronique un registre langagier plus familier que celui qui j'utilise habituellement), une centration sur quelques lieux et personnages qui fait moins huis-clos qu'absence de world building.
Je le répète, le roman n'est jamais déplaisant à lire, on se prend même au jeu de s'inquiéter pour les protagonistes et on peut même trouver la douleur de la famille terrienne émouvante ou les facéties des IA amusantes. Mais, pour ce qui me concerne, le tout ressemble trop aux petits romans SF que je lisais adolescent et qui, s'ils me satisfaisaient à l'époque, ne sauraient plus le faire aujourd'hui.
Alors, public Jeunesse ou YA ? Sans doute.
A lire, casualement
La Tragédie de l'orque, Pierre Raufast
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