Juste deux mots sur le Dracula de Enna et Celoni chez Glénat.
Dans la même série que les récents – et souvent très jolis – albums Glénat mettant en scène de nouvelles aventures de Mickey ou Donald dans des cadres graphiques de belle qualité, Dracula est une réécriture du roman culte éponyme de Bram Stoker.
Plutôt fidèle au déroulement des événements ainsi qu'à l'approche épistolaire de son devancier (avec même une pointe d'ironie sur ce type de narration), ce Dracula fait correspondre rôle à rôle les personnages du roman de Stoker avec ceux de l'univers Disney. On y retrouve donc, entre autres, un Mickey Jonathan Ratker, un Fantôme Noir Dracula, une Minnie Minnina ou un Dingo Van Helsing, sans oublier tous les autres protagonistes du roman, courtisans de Minnina, femmes vampires de Dracula, ou autre.
C'est de l'arrivée de Jonathan Ratker dans les Carpates jusqu'à la mise en déroute du comte qu'est revisitée l'histoire originale avec une fidélité qui confine à l'hommage pur et simple. Mis à part le remplacement du sang (dont le roman fait grand usage) par du jus de betterave qu'on a du mal à qualifier d'hommage.
Et cette manière de traiter le sang et la violence dans une approche euphémisée, qui transparaît ici mais aussi dans quantité d'autres éléments de l'adaptation, est le nœud du problème, car ce dont parle le Dracula original c'est bien de sang et de violence. La substitution drôle et pertinente n'est jamais trouvée, de là le reste découle.
La substitution sang/betterave amusera peut-être un enfant qui pense sang quand il voit orange sanguine, mais elle peinera à rassasier un adulte en quête de second degré. De fait, globalement, tout est dans le même ton, et ce n'est pas le maillet laissé à prendre la poussière car la solution sera ailleurs qui me démentira : l'adaptation n'est jamais effrayante (ça c'était le deal), mais, catastrophe, elle n'est jamais vraiment drôle non plus.
L'album mi-chèvre mi-chou laisse alors un sentiment très mitigé. Les lecteurs de Dracula se replongeront dans un univers aimé qu'ils risquent de trouver bien trop édulcoré à leur goût une fois passé le jeu du qui est qui. Quant aux autres, ils peineront à comprendre l'intérêt de cette histoire que sa narration plan plan et sa résolution safe rendent, hélas pour elle, quelconque, alors qu'elle devrait inspirer, d'une inédite manière, les grands sentiments qu'elle savait générer alors, au point qu'on la déconseillait aux jeunes filles.
Too slow, man, too slow.
Dracula, Enna et Celoni d'après Bram Stoker
Commentaires
JE me suis fait avoir sur ce coup :(