Après le tome 3, voici "La Guerre", nouvel opus de la saga Blackwater.
Cette chronique, et celles qui suivront pour les numéros suivants, seront très succinctes. Le but est de ne pas spoiler pour ceux qui n'achèteraient pas chaque numéro dès sa sortie.
Ce quatrième tome commence peu avant la Seconde Guerre Mondiale et se termine avec elle.
La famille Caskey peu à peu s'apaise, elle passe par-delà les meurtrissures réciproques et se rassemble dans ce qui ressemble à une forme d'harmonie autour de la nouvelle génération, celle des enfants des différents ménages.
Certes les enfants, devenus presque adultes, quittent leurs foyers, qui pour l'université, qui pour l'armée. Parfois pour s'émanciper, parfois pour fuir une situation difficile, d'autres fois encore pour mener au calme une quête plus personnelle. Mais aucun ne laisse derrière lui durablement les lieux de son enfance, et quand ils s'en éloignent ce n'est jamais ni pour très loin ni pour très longtemps.
Logique du temps : si les enfants deviennent des adultes de plein droit avec des vies à eux et des problèmes ou des désirs qui ne le sont pas moins, les adultes de la famille cheminent lentement vers un âge plus mature alors que la génération la plus ancienne entre dans la vieillesse.
Financièrement, les placements familiaux passés se révèlent fructueux et la guerre accroît encore cet état de fait pour la famille et la ville entière. Les Caskey, jusque là très aisés, deviennent vraiment riches dans cet épisode. Une fortune qui ne les exempt pas de problèmes – l'argent ne fait pas le bonheur ;).
Il y a des drames, des morts, des rétributions, des décisions drastiques à prendre pour préserver des vies ou des réputations – si les Caskey sont étonnamment ouverts pour leur époque sur le plan des mœurs, le qu'en-dira-t-on est une réalité de leur temps dont on ne peut pas s'abstraire complètement, à fortiori dans une si petite ville.
Si les jeunes s'émancipent, ce sont toujours – voire plus – les femmes qui tiennent le barre, quel que soit leur âge. Matriarcat de fait, les Caskey forment une micro-société au sein de laquelle les hommes sont minoritaires tant en nombre qu'en pouvoir effectif.
Parmi ces femmes, une fille comprend de mieux en mieux l'héritage singulier que lui a légué sa mère et le lecteur mieux les choix parfois surprenants faits par celle-ci. Une autre devient une femme d'affaires respectée. Deux autres encore des entrepreneuses compétentes. Même celle dont le seul choix concerne sa vie privée le fait sans trembler.
Les hommes, à coté, sont bons ou travailleurs ou les deux, et ils acceptent de bonne grâce de se laisser conduire. Même le nouveau venu, dont l'avenir dira s'il est un bon ou un mauvais ajout à la famille.
Histoire américaine de réussite, histoire secrète de forces primordiales présentes bien avant l'arrivée des Blancs aux USA, histoire d'émancipation en des temps qui la voyaient d'un mauvais œil, Blackwater est un cycle fin qui n'oublie pas qu'il est d'abord une grande saga familiale utilisant toutes les ficelles du genre. On le lit charmé par un ensemble un peu suranné avant de réaliser qu'il dit subtilement des choses qui dépassent le pur divertissement.
Blackwater t4, La Guerre, Michael McDowell
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