The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

The Tale of Ak and Humanity - Yefim Zozulya


Sur le site Tor.com on peut lire une courte nouvelle intitulée The Tale of Ak and Humanity. Publiée en 1919 alors que la Révolution bolchévique avait commencé à produire ses premiers effets délétères, elle aurait influencé le Nous Autres de Zamiatine.

Je reproduis ci-dessous, en cotraduction GoogleTrad/Gromovar, le texte introductif qu'on trouve sur le site Tor. Je dirai ensuite deux ou trois mots (pas plus) sur ce texte aussi court qu'il est visionnaire.


Yefim Zozulya est peut-être le plus grand fabuliste russe dont vous n'avez jamais entendu parler.

L'apogée de sa popularité et de son succès est survenue dans les années 1910 et 1920, lorsque Zozulya a travaillé comme journaliste et a écrit de nombreuses nouvelles et plusieurs romans. Il a rapidement développé un style caractéristique combinant des éléments satiriques, grotesques et fantastiques. À l'époque, ses nouvelles étaient qualifiées de «contes de fées satirico-philosophique». Alors que ses contemporains luttaient pour étiqueter son style unique, Zozulya était occupé à innover dans la littérature spéculative.

Deux de ses nouvelles s'imposent comme des chefs-d'œuvre. La première est "The Doom of Principal City", une histoire d'oppression, de choc culturel et de déséquilibre de pouvoir. Elle a été initialement publié en 1918 et traduite pour la première fois en 2016, à l'occasion du Big Book of Science Fiction édité par Ann et Jeff VanderMeer.

La seconde est "Le conte d'Ak et de l'humanité". Le célèbre éditeur et critique littéraire Yevgeny Golubovsky proclame: "Si Zozulya n'avait rien écrit d'autre que ce texte, il aurait mérité sa place dans la grande littérature." La critique à peine voilée du régime soviétique, écrite à peine un an et demi après l'arrivée au pouvoir des bolcheviks en Russie, a contribué à établir le genre dystopique et a directement inspiré et influencé le Nous Autres de Zamyatin, qui n'a été achevé qu'un an plus tard.

Zozulya a travaillé comme rédacteur en chef de magazine tout au long des années 1920 et a contribué à former une génération d'écrivains et de poètes influents en Russie. Il a écrit plusieurs romans et de nombreuses nouvelles, mais il est devenu de plus en plus difficile pour lui d'être publié à mesure que la machine de censure soviétique devenait plus omniprésente chaque année. Sa carrière était au point mort et, dans les années 1930, il ne pouvait publier qu’occasionnellement dans des magazines.

Lorsque l'Allemagne nazie a envahi la Russie en 1941, Zozulya s'est porté volontaire pour se battre pour sa patrie. Il a été mortellement blessé et est décédé deux mois plus tard, à quelques semaines de son cinquantième anniversaire.

Son œuvre est restée indisponible pendant des décennies jusqu'à être pratiquement oublié, mais a été redécouverte dans les années 1990 aux côtés d'autres talents longtemps proscrits tels que Boulgakov et Soljenitsyne. Plusieurs recueils de ses fictions ont été publiés depuis, et pratiquement tous désormais dans le domaine public, sont disponibles en ligne. À ce jour, son influence sur le fabulisme et la fiction dystopique reste démesurée par rapport à sa notoriété.

– Alex Shvartsman


Deux ou trois mots donc.

Un Etat total.

Une "utopie" scientifique et administrative.

Ak en est la figure de proue héroïque. Ak  préside le Conseil de la Détermination Suprême (en dystopie on aime les noms qui dissimulent le pouvoir).

Le Conseil et son administration anonyme vont évaluer chaque citoyen pour déterminer de manière scientifique la liste de ceux qui sont inutiles à la vie.

Chacun doit se présenter pour être évalué. En cas d'omission il est demandé aux parents et amis de le signaler au Comité. Le résultat de l'évaluation, obtenu en moins de trois heures, est sans appel. L'élimination des inutiles à la vie sera rapide et sans recours car : « Les déchets humains qui interfèrent avec la restructuration de la vie sur la base de l'équité et du bonheur doivent être détruits sans pitié » (le champ lexical ici est celui de la société dans laquelle vivait Zozulya).

On a peur, on fuit, la liste des inutiles ne cesse de s'allonger. Il n'y a plus d'espoir.

Puis Ak change d'avis. Il remplace le Conseil de la Détermination Suprême par un Conseil de la Sensibilité Suprême chargé de forcer le bonheur des citoyens. Car il y a maintenant un nouveau but à la vie : le bonheur, obligatoire, assuré entre autres par des fonctionnaires chargés de venir féliciter les citoyens chez eux. Le chef suprême fait sans contrôle la pluie et le beau temps car il SAIT ce qui est bon pour la société.

Puis Ak change d'avis. Il hurle « Massacrez-les ! Massacrez-les ! ». Mais cette fois il disparait et le monde peut revenir à la normale. Avec ceux qui ont survécu. Les autres...


A l'heure où, dans les démocraties du Nord, populismes et extrémismes repointent leurs vilains nez, garder à l'esprit ce que voyait Zozulya :

Totalitaires d'extrême-droite et totalitaires d'extrême-gauche désignent puis exterminent des boucs émissaires. La pratique des listes de proscription n'est pas exclusive d'un camp, on la trouve toujours dans ces extrêmes convaincus de savoir ce que veut la société.

Aristote ne dit pas autre chose dans l'Ethique à Nicomaque.

« In medio stat virtus »

The Tale of Ak and Humanity - Yefim Zozulya

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