"L'heure du dragon" est le seul roman de Conan écrit par Howard. Il a été adapté dans les années 70 par la fine équipe Roy Thomas - Gil Kane. Il l'est une nouvelle fois ici par le duo Julien Blondel (scénariste de Elric, décidément! il aime les personnages myhthiques) - Valentin Sécher (dessinateur de Méta Baron). On peut rêver pires adaptateurs.
Conan est roi d'Aquilonie. Plus pour longtemps quand le roman commence. Car trois nobles ambitieux ont tiré le très maléfique empereur Xaltotun de Python d'un sommeil de 3000 ans en usant pour ce faire du légendaire Cœur d'Ahriman. En échange ils lui demandent de les aider à usurper les trônes de Némédie et d'Aquilonie. Pour cela Conan doit mourir.
Mais si, sur le champ de bataille, Xaltotun tient parole et offre aux félons une victoire écrasante sur l'armée aquilonienne, il a, en revanche, d'autre projets pour un Conan qu'il préfère emprisonner secrètement. De fait il a plus globalement d'autres projets, de moins en moins acceptables, même par des hommes sans aveu tels que ses trois alliés.
Si l'indomptable Conan ne reste pas prisonnier longtemps des geôles où on l'a enfermé, son absence et la certitude de sa mort au combat qui habite ses sujets suffisent à ruiner un pays déjà éprouvé par le mauvais gouvernement de l'imposteur qui en a pris le contrôle. « Terre et roi sont un », c'est un fait acquis, de Kantorowicz à l'excellente postface de Patrice Louinet en passant par les écrits de Thomas Day et Ugo Bellagamba.
Il faut donc pour Conan - non parce que c'est son plaisir mais parce que c'est son devoir envers le peuple d'Aquilonie - reprendre ce qui fut volé et renvoyer le néfaste thaumaturge à l'enfer d'où il n'aurait jamais dû sortir. Il lui faudra pour cela entreprendre un long et secret voyage, d'Aquilonie à Argos puis jusqu'à la lointaine Stygie, au cours duquel il renouera avec quelques vieilles connaissances et de grands moments de son passé.
Roman long et riche en thématiques, "L'heure du dragon" bénéficie ici d'une adaptation absolument somptueuse. On est captivé par le rythme et la clarté du récit. On est saisi, stupéfié, par la beauté époustouflante des planches. Traits et couleurs sont magnifiques. Le découpage ne l’est pas moins, avec ses doubles pages festonnées de cases qui offrent simultanément au regard vision globale et détails pertinents.
Qu'on voit la mer, le ciel étoilé, des cachots sordides ou des scènes de bataille, qu'on regarde les visages, les armures, les armes, les châteaux ou les citées cyclopéennes, tout est beau, grandiose, renversant. 80 pages à tomber par terre, le ton est donné dès la première.
Si tu veux te faire une idée, lecteur, sache qu'on retrouve par moments le ton graphique larger the life de l'adaptation d'Elric dont Blondel fut l'un des auteurs. Influence de l'un sur l'autre, même si, bien sûr, les personnages et leurs postures évoquent aussi Méta Baron.
A lire absolument pour les amateurs de Conan mais pas seulement. Tout amateur d'héroïc fantasy y trouvera son compte. A garder et à chérir pour au moins 3000 ans, jusqu' à un prochain retour de l'ignoble Xaltotun de Python.
Conan, L'heure du dragon, Blondel, Sécher
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