Juste un petit mot de rien du tout parce qu'il ne faudrait pas que chroniquer Conan en BD devienne une habitude.
"Le dieu dans le sarcophage" est le onzième volume des adaptations de Conan en BD chez Glénat.
"Le dieu dans le sarcophage" est l'une des toutes premières nouvelles de Howard mettant en scène le personnage du Cimmérien.
Après quelques éléments de background sur les civilisations maléfiques qui précédèrent dans l'Histoire le très inquiétant royaume de Stygie, on y voit un Conan engagé par un noble pour voler une coupe de grande valeur dans le trésor d'un riche collectionneur.
Catastrophe, quand le barbare arrive sur les lieux de son forfait à venir il tombe sur le cadavre du collectionneur, et sur un garde qui le met en joue avec son arbalète. Catastrophe bis, arrivent sur ces entrefaites le chef du conseil inquisitorial de la ville, Demetrius, accompagné du brutal Dionus, chef des pandores locaux, et de quelques gardes armés.
Arrivé sur les lieux grâce à une effraction, présent à côté du cadavre, étranger et « non civilisé », Conan est le coupable tout désigné du meurtre, d'autant qu'il ne nie pas s'être introduit dans la tour pour voler un objet.
Commence alors une « enquête » dialoguée conduite par un Demetrius qui n'est pas convaincu par la culpabilité du Cimmérien, alors que les menaces et les injures de Dionus et de ses sbires pleuvent sur Conan.
"Le dieu dans le sarcophage" est l'occasion pour Howard de définir le barbare comme fondamentalement libre. La force physique de Conan (je cite Patrice Louinet) ne lui sert pas à imposer sa volonté aux autres mais à empêcher les autres de lui imposer la leur.
Il dit aussi ici sa méfiance à l'égard des pouvoirs institués en général et de la police en particulier, violente par essence car de tout pouvoir on abuse, a fortiori lorsque c'est à l'Autre étranger – celui qui nie par son existence même les valeurs et culture de la civilisation – qu'on est confronté.
De ces deux affirmations Howard tire dans cette histoire une conclusion : les autorités « civilisées » briment les étrangers et les faibles, et ce n'est que la force et la rage du stigmatisé qui peuvent renverser le rapport de force en rendant coup pour coup et plus si affinités. C'est ce que fera Conan ici quand il aura compris qu'aucune issue digne et sûre n'est possible pour lui.
On retrouvera cette position au début de La tour de l'éléphant : « En règle générale, les hommes civilisés sont plus malpolis que les sauvages car ils savent qu'ils peuvent se montrer grossiers sans se faire fendre le crâne pour autant ». Ce récit le démontre.
Sur le plan graphique, les dessins et couleurs de Civiello sont à la fois contestables et beaux. Contestables car les visages sont parfois étrangement déformés et, pire encore, que Conan a plus l'air d'un rastafari que d'un Cimmérien. Beaux car les mouvements (scènes de combat) sont très fluides et que la colorisation donne l'impression de regarder des tableaux peints. Ajoutons-y quelques grands formats et un découpage souvent intéressant et on a entre les mains un bel album – pour peu qu'on ne regarde pas trop le visage de Conan.
"Le dieu dans le sarcophage" est l'un des bons albums de la série. A lire.
Conan, le dieu dans le sarcophage, Headline, Civiello
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