The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

2069 - Josselin Bordat - Retour de Bifrost 100


"2069" est un recueil qui prétend adresser la question de la sexualité et des relations amoureuses du futur, à partir des tendances que l'on observe déjà. On y trouve douze nouvelles de longueurs et de types variés, du voyage dans le temps au sexe spatial en passant par les sexbots. Disons-le tout de suite, ce n'est ni érotique, ni excitant, en dépit d'une couverture qui est donc racoleuse. Malheureusement, ce n'est guère prospectif non plus, à moins d'être complètement déconnecté des avancées technologiques. Brève revue.

Deux bons textes. Chicago est sans doute la plus science-fictive, la plus intéressante, et la plus émouvante, avec ses sexbots qui acquerront peut-être une conscience et la liberté qui va avec. Le bousier est peut-être la plus tragiquement réussie avec son personnage passant une vie à visiter toutes les formes de relations pour finalement mourir seul comme tout le monde ; la chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.

Quelques autres émergent un peu. One more time imagine des thérapies de couple qui consistent à envoyer le dit couple revoir des moments clés de son passé. Boucle temporelle prévisible. Conditions générale de Ventre décrit un monde où PMA ou GPA offrent l'option Amélioration des gamètes, ou sont permises même sans partenaire grâce à des gamètes synthétiques. Jusqu'à la révélation finale. Good Girl est une digression sur une sous-catégorie porno du futur, dont il ne sort pas grand chose une fois l'affaire comprise.  La sonde est une variation amusante sur le destin de Pioneer 10 et le paradoxe de Fermi.

Le reste ? De la télé-réalité spatiale à Greta Thunberg in the Wild en passant par le hacking des slips connectés (qui visiblement a captivé la presse), les rêves érotiques sur abonnement, un délire genderfluid, ou l'élection papale orgiaque qui offre un cliché si éculé (pardon !) que même Charlie Hebdo ne doit plus l’utiliser, l'ensemble n'est guère excitant, ni pour l'esprit, ni pour le corps.

Paradoxalement, c'est lorsqu'il décrit les développements prévisibles de la société du spectacle ou les conséquences du changement climatique que, sans être brillant, l'auteur est le plus convaincant. Problème : ce n'était pas son thème, pas en tout cas celui qu'il nous a vendu.

Globalement, mis à part sur les deux bons textes et un ou deux des quatre moyens, l'ennui est au rendez-vous et le sense of wonder proche de zéro. Ajoutons-y un argot branchouille qui fait parfois vieux et une volonté humoristique qui suscite la compassion. Enfin, les nouveaux genres, les nouvelles sexualités et préférences, font l'objet d'un traitement dont on ne sait jamais s'il est ironique, factuel, compatissant, ou charmé. Par delà la forme, ça fait donc peu d'idées nouvelles et peu de prises de position (désolé !), peu de fond à vrai dire.

69 fut une année érotique. Josselin Bordat veut nous convaincre, avec son recueil "2069", que notre avenir le sera aussi. Mais n'est pas Gainsbourg qui veut. Post coïtum animal triste.


2069, Josselin Bordat

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