Yal Ayerdhal in Bifrost 118 - La fin de la guerre éternelle

Dans le Bifrost 118 il y a les rubriques habituelles. Critiques des nouveautés, scientifiction and so on. Il y a aussi un édito d'Olivier Girard qui rend un hommage appuyé et émouvant à Yal Ayerdhal , un grand de la SF française qui nous a quitté il y a dix ans et dont je me souviens de le gentillesse et de la capacité d'attention à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, appartenait à ce milieu qui était le sien et qui est le nôtre. Dans le Bifrost 118 , il y a   donc un gros dossier sur Yal Ayerdhal (qu'on appelait entre nous simplement Yal) . Un dossier sur l'homme actif et en colère qu'il était, de ses combats pour le droit des auteurs à son militantisme intelligent (il y en a) . Dans le  Bifrost 118  il y a aussi une plaisante nouvelle de Yal Ayerdhal,  Scintillements . Il y raconte comment finit la "guerre éternelle" entre deux civilisations galactiques qui n'auront jamais pu communiquer. Dans un écho déformé de Lem ou d'Haldema...

Inside Man - K. J. Parker


"Inside Man" est une novella de K. J. Parker qui se passe dans le même monde Renaissance imaginaire que le très bon Prosper's Demon.
Dans Prosper's Demon, le lecteur suivait les aventures d'un exorciste ; ici c'est côté démon que se place Parker, il offre au lecteur le point de vue d'un de ces « démons » qui possèdent les humains, les font souffrir, les tentent, et ne cèdent que face aux êtres « doués » que sont les exorcistes.
Problème : Prosper's Demon était très réussi alors que Inside Man ne l'est pas ; on s'y ennuie plutôt.

Dans un texte qui développe une forme de fantasy administrative à la Laundry (y compris jusqu'au point où l'humour, véritable, finit par devenir lourdingue), on découvre, sur les traces du démon narrateur, qu'il y a – ou pas – un Grand Plan de Dieu, ce Plan précisément qui est connu comme ineffable.

On y apprend que tout, de la révolte des anges contre Dieu aux éventuelles apostasies destructrices de foi, fait partie du Plan. Ici, on pense au Lucifer de Mike Carey.
On y apprend que tout s'y joue à très long terme – et quand je dis très long, pensez éons – dans une sorte de Grand Jeu qui évoque vivement ces confrontations sans fin qui opposent les services secrets entre eux, anges et démons étant deux faces de la même pièce, consubstantiellement liés à celle-ci dont ils forment l'essence même.
On y capte beaucoup de références dissimulées à la culture chrétienne pour peu qu'on maîtrise cette culture – et une non dissimulée à Nietzsche.
On y lit une partie de très grande qualité, lorsqu'il s'agit de mettre en scène la façon dont les démons perturbent la prière sans fin de moines dévots, une partie qui offre des dialogues savoureux, de fines passes d'armes entre moine sage et démon facétieux, rappelant fortement le très important Cloître des Ombres de Jean-Claude Schmitt (que je te conseille sans restriction, lecteur). C'est de loin le meilleur du texte.

Mais que c'est mou ! Que c'est répétitif et inintéressant ! Il y manque des personnages aussi larger than life que le Prosper of Schanz de Prosper's Demon ou un enjeu qui paraisse plus clair et immédiat que le simple déplacement d'un pion lors d'une partie du Grand Jeu.
A éviter !

Inside Man, K.J. Parker

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