The Deviant Book One - Tynion - Hixson

Noël 1973. Quelqu'un à Milwaukee a été un très vilain garçon. Un tueur habillé en Père Noël a assassiné et profané les « elfes » du grand magasin local, des adolescents déguisés recrutés pour les fêtes et retrouvés martyrisés. Découvert dans son antre par la police du coin, le Père Noël sanglant a le temps de blesser très gravement au visage l'un des agents lancés à ses trousses avant de prendre la fuite dans la nuit enneigée. Assez vite on soupçonne Randall Olsen, un employé du même grand magasin dont on découvre qu'il a photographié à leur insu les victimes sous la douche. A cet élément de preuve objectif s'en ajoute un autre qui l'est beaucoup moins, Randall Olsen est homosexuel. Déviant, dans la perception de l'époque, déviant donc coupable – si ce n'est toi c'est donc ton frère. Olsen est arrêté et condamné à la prison à vie. Cinquante ans plus tard, un jeune homme de Chicago, auteur de comics en recherche d'identité artistique, commence des rec...

Mon Almérique à moi - Cédric Ferrand


Comme le disait souvent Alf, « Quand on rampe la nuit sur les toits, on entend des choses » ; on en trouve aussi parfois. Ainsi voilà qu'arriva dans ma boite mail le dernier roman de Cédric 'Wastburg' Ferrand, aka Cédric 'Sovok' Ferrand. Et tout Cédric Ferrand est dedans.

Tout est dedans car maintenant que l'homme est devenu québécois, il nous livre un texte truffé de références et de vocabulaire extraits de son new normal – et je vous rassure tout de suite, c'est lisible même si parfois un peu surprenant. Mais ce n'est pas tout, voir dessous.

Résumé sans spoil, donc très vague.
Jess est une femme mais aussi parfois un homme, un(e) intermittent(e) du genre. Elle (mon choix par facilité – Jess est le plus souvent une femme) vit avec Benoîte, une Française expatriée. Elle passe de petits jobs en petits jobs, des emplois administratifs sans lustre où les tâches sont répétitives et standardisées au point qu'il est souvent plus difficile d'intégrer les biographies des collègues de boulot que les spécificités des tâches à accomplir. Une petite vie tranquille et sans éclat entre deux femmes qui s'entendent bien. Les gens normaux n'ont pas d'histoire. Mais qui parle de normal ?

Car Jess a un secret. Elle est l'ultime avatar d'une lignée dotée d'un pouvoir surnaturel particulier. Une lignée qui peut (no spoil) au prix de (no spoil). Et ça, personne ne le sait hors de la famille, même pas Benoîte, et ceci même alors que quantité de gens ont profité par délégation de ce pouvoir.

Tout est dedans donc car "Mon Almérique à moi" est un vrai roman de Ferrand.
Outre le fait qu'il est, comme Benoîte, un expatrié. Outre le fait qu'il y est question de changer sa vie en le voulant au point d'accepter d'en sacrifier une partie devenue vestigiale. Outre le fait que, changeant de pays, on se place pour toujours entre deux eaux, comme l'est Jess entre ses deux genres (et qu'il est vain de tenter de choisir).

Outre les thèmes spécifiques du roman donc, on retrouve dans ces pages tout ce qui fait son style reconnaissable entre mille.
L'attention portée aux petites choses, aux petites gens, aux vies simples et aux événements qui les déstabilisent.
La centralité de la famille et de ses épines.
Une vraie tendresse pour ses personnages qui, s'ils sont menteurs, roublards, filous, ne sont jamais fondamentalement mauvais.
Une description pertinente et drôle des vies et des enjeux de bureau, de la dynamique interne – qui l'est souvent bien peu – des espaces productifs, des jeux de rôles qui s'y jouent – dont personne n'est dupe mais que tous jouent comme par une sorte de politesse imposée par le lieu.
Une manière très caractéristique de décrire l'essence d'une situation en une phrase juste.
Une gouaille dont on devine qu'elle toujours à demi rigolarde.
Sans oublier les jdr et la musique post punk.

Alors, lecteur, si tu as aimé les précédents romans de Ferrand, si tu as aimé sa nouvelle La soupe dans laquelle se trouvait déjà tout ce qui germerait après, tu peux t'intéresser à "Mon Almérique à moi", en dépit du fait qu'on y écrit char pour voiture.

Mon Almérique à moi, Cédric Ferrand

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