The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Aux limites de l'infini - Stanley Weinbaum - Retour de Bifrost 95


Pour une raison que je ne m'explique pas, j'ai oublié il y a quelques mois de rapatrier cette chronique de Bifrost. Erreur réparée aujourd'hui.

Stanley G. Weinbaum est l'un des pionniers de la SF américaine. Né en 1902, il mourut d'un cancer du poumon en 1935, à 33 ans seulement, peu de mois après la publication de son texte le plus fameux « A Martian Odissey ». Célébrée par Isaac Asimov comme « l'une des trois histoires qui ont changé la SF », la nouvelle reçut un très bon accueil critique. Le lecteur y croise un groupe d'explorateurs envoyés sur Mars grâce à une fusée atomique (quoi que ce puisse être). Ils y rencontrent, pour la première fois peut-être de l'histoire de la SF, une créature extraterrestre, puis de nombreuses autres, visiblement intelligentes mais non humanoïdes, avec toutes les impossibilités de communication que ça peut générer.
Raisons d'agir, langages, culture, les Martiens de Weinbaum sont visiblement dotés d'une intelligence équivalente voire supérieure à celle des Humains (l'auteur resservira cette supériorité supposée dans une autre nouvelle du recueil, « Les Lotophages »), mais il est clair que celle-ci ne nous est pas directement accessible. Cette approche de la vie extraterrestre, résolument nouvelle, enchanta le lectorat de l'époque et répondait par anticipation à la demande de John W. Campbell « Ecrivez-moi une créature qui pense aussi bien ou même mieux qu'un homme, mais pas comme un homme ».


Dans le recueil "Aux limites de l'infini", à la suite de « A Martian Odyssey », on pourra lire six autres nouvelles de longueurs diverses, toutes dans une traduction inédite.

On lira ainsi « Aux limites de l'infini », une sorte d'escape game improvisé dont la solution est la découverte d'un expression mathématique,
« Les mondes du Si », qui explore la possibilité d'univers parallèles infinis bien avant qu'Everett ne la formalise,
« Dérive des mers », où un cataclysme géologique risque d'interrompre le Gulf Stream, refroidissant alors les terres de l'Est Atlantique, provoquant par là-même exodes, guerres, et débroussaillage malthusien,
« Les Lotophages », où sur une Vénus froide (!) on s'interroge, après Schopenhauer, sur la vie comme volonté,
« Les lunettes de Pigmalyon », où un voyage en paracosme conduit à s'interroger sur réalité et perception,
et la très courte « Graphe », qui pointe les méfaits du stress induit par une vie professionnelle hégémonique.

L'ensemble forme un ouvrage à l'intérêt historique évident. Ramener sur le devant de la scène un pionnier peu connu du grand public français, donner à voir ce premier contact qui rompt avec les codes précédents de l'alien humanoïde et/ou purement hostile, tout ceci est intéressant. D'autant que dans les autres textes, Weinbaum fait montre d'un intérêt louable pour la science de son époque et les questionnements philosophiques ; aucun texte n'est, de fait, dépourvu d'une réflexion sous-jacente à l'intrigue.

Il y a néanmoins des bémols. Très datés dans leur écriture les textes peinent à passionner. Le style est parfois plat, parfois verbeux, parfois trop visiblement conscient de sa propre finesse. De (rares) saillies sexistes font sourire – Ô tempora ! Ô mores ! Et puis, les erreurs et méconnaissances scientifiques de l'époque – bien sûr excusables – heurtent ou amusent. Vénus, qui ne tourne pas, est froide et dotée d'une pression supportable. L'atmosphère de Mars est largement respirable, et sur sa surface on trouve des canaux – alors qu'il était déjà admis qu'ils n'étaient qu'un fantasme de Lowell. Ca peut faire beaucoup. On est ici dans l'archéolittérature. A toi de voir, lecteur, si tu veux participer à l'expédition.

Aux limites de l'infini, Stanley G. Weinbaum

Addendum : il semblerait qu'en dépit de la légende concernant Weinbaum et les aliens non humanoïdes intelligents, JH Rosny ainé ait, quelques décennies auparavant, inclus de tels êtres dans ses romans, Les Navigateurs de l'infini notamment.

Commentaires

Lve a dit…
Salut,
Sais-tu quelles sont les deux autres histoires qui ont changé la SF selon Asimov ? 🤔
Gromovar a dit…
Nope. Désolé.