The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Sentient - Lemire - Walta


Deux, trois mots sur "Sentient", TPB one-shot de Lemire (the big one, auteur de Sweet Tooth et de Black Hammer entre autres) et Walta (responsable entre autres du très bon Vision).

L'USS Montgomery est un vaisseau de colonisation en route pour une colonie terrienne, l'un de la flotte éparse qui tente de sauver ce qui peut l'être d'une Terre en voie d'effet Vénus. Alors que le vaisseau pénètre dans une zone d'ombre radio, ses membres d'équipage sont assassinés par un traitre infiltré agissant au nom des Séparatistes qui veulent détacher politiquement la Terre de sa colonie.
Ne restent dans le vaisseau que Val, l'IA qui le pilote et le contrôle, et une douzaine d'enfants, tous devenus orphelins en quelques instants.

Val va alors assurer la suite du voyage en devenant une mère de substitution pour ses jeunes passagers, qu'elle protège et à qui elle transmet la connaissance du vaisseau nécessaire en cas de second désastre qui l'impliquerait elle.
Bien lui en prend car les épreuves du Montgomery et de son jeune équipage ne sont pas terminées.

Avec "Sentient", Lemire livre encore une histoire d'enfants contraints à grandir en l'absence de parent. Une histoire d'enfants pris dans des histoires d'adultes qui les dépassent, et obligés de grandir en accéléré pour survivre à des tribulations auxquelles ils n'auraient pas dus être confrontés.
Il y met la tendresse habituelle de son traitement et fait preuve de sa justesse connue lorsqu'il s'agit de mettre en scène les réactions enfantines, à cet âge où tout est possible en terme de réalisation mais où affects et émotions parasitent trop souvent la raison au détriment des enfants eux-mêmes.

C'est une jolie histoire - nominée Eisner Award 2020 - que propose une fois encore Lemire qui, si elle ne révolutionne pas le genre SF et implique moins que d'autres qui l'ont précédée dans la bibliographie de l'auteur, est du moins très agréable à lire. C'est déjà pas mal.

Sentient, Lemire, Walta

Commentaires

chéradénine a dit…
J'ai apprécié la fluidité et l'efficacité du récit qui évite un ou deux tropes qui m'auraient gonflé: je pense à la manière dont aurait pu réagir le fils de la "terroriste" par exemple. Le focus mis sur les enfants et Val et leur façon méfiante de voir le monde est intéressante, mais tout allant très vite, on ne fait qu'effleurer certaines choses, dont le conflit politique. Ça a son charme également ...
Gromovar a dit…
Je l'ai pris comme une historie self-contained qui ne cherche pas à dire plus que ce qui est explicite. Sinon, c'est frustrant car en effet c'est un peu court en vrai background.