Yal Ayerdhal in Bifrost 118 - La fin de la guerre éternelle

Dans le Bifrost 118 il y a les rubriques habituelles. Critiques des nouveautés, scientifiction and so on. Il y a aussi un édito d'Olivier Girard qui rend un hommage appuyé et émouvant à Yal Ayerdhal , un grand de la SF française qui nous a quitté il y a dix ans et dont je me souviens de le gentillesse et de la capacité d'attention à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, appartenait à ce milieu qui était le sien et qui est le nôtre. Dans le Bifrost 118 , il y a   donc un gros dossier sur Yal Ayerdhal (qu'on appelait entre nous simplement Yal) . Un dossier sur l'homme actif et en colère qu'il était, de ses combats pour le droit des auteurs à son militantisme intelligent (il y en a) . Dans le  Bifrost 118  il y a aussi une plaisante nouvelle de Yal Ayerdhal,  Scintillements . Il y raconte comment finit la "guerre éternelle" entre deux civilisations galactiques qui n'auront jamais pu communiquer. Dans un écho déformé de Lem ou d'Haldema...

Night of the Mannequins - Stephen Graham Jones


Sawyer, Shanna, JR, Danielle, and Tim sont cinq amis d'enfance d'une petite ville américaine. Ils se connaissent depuis toujours, ont vécu ensemble tous les jeux et toutes les bêtises, ont grandi du jardin d'enfant au lycée. Et maintenant ceci va se terminer car arrive l'heure de la séparation, monde du travail ou départ pour l'université.

Shanna vient de trouver un emploi dans le cinéma du coin. Et ici, je laisse la parole à Sawyer :
« So Shanna got a new job at the movie theater, we thought we’d play a fun prank on her, and now most of us are dead, and I’m really starting to feel kind of guilty about it all. ».

Cet incipit est le preuve qu'un bon incipit ne fait pas un bon texte.

J'ai lu cette novella de Stephen Graham Jones après le très bon The Only Good Indians. Comme dans le roman, une bande d'amis d'enfance y est confrontée à une adversité surnaturelle fatale. Ou pas.
Car ce qui provoque ici la peur panique de Sawyer, ce qui le pousse à des actes aussi horribles qu’irrémédiables, est la certitude que le mannequin trouvé un jour par la bande, et qui a été leur compagnon de jeux involontaire durant toute leur préadolescence, a pris vie lors de la blague faite à Shanna et a décidé de se venger de ces « ex-amis » qui, l'âge adulte approchant, l'ont oublié et s'apprêtent à l'abandonner définitivement.

C'est pour Sawyer l'occasion de réfléchir au temps qui passe et aux amitiés que la vie délite, l’occasion aussi de se comporter en « héros », d'une façon que nul ne pourrait cautionner, guidé par une folie dont on ne comprend pas vraiment l'origine.
Évoquant explicitement Frankenstein et l'incompréhension agressive que peut ressentir le monstre, "Night of the Mannequins" est raté en ceci qu'il n'est pas une seule fois stressant ou effrayant. Tout est désespérément plat : faits, style, narration. Au point même qu'un angle de lecture qui aurait pu être intéressant, celui de l'observation du développement d'une paranoïa, est trop traité par dessus la jambe pour intéresser ou apprendre quoi que ce soit. N'est pas Stephen King qui veut.

A éviter donc.

Night of the Mannequins, Stephen Graham Jones

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