L'Inversion de Polyphème - Serge Lehman

  Réédition aujourd'hui dans la collection Une Heure-Lumière de L'Inversion de Polyphème de Serge Lehman. Publié pour la première fois dans le numéro 5 de Bifrost en 1997  (Olivier Girard, le boss, explique tout ceci dans une touchante préface) , titulaire du Prix Ozone 1998, L'Inversion de Polyphème est un texte qui parlera à tout amateur d'Imaginaire. Le lieu est la banlieue parisienne. L'époque, la fin des 70's. Les acteurs sont une bande restreinte : trois garçons et une fille qui passent les vacances aux Loges alors que leurs copains sont partis. Ces quatre s'appellent Hugo, le narrateur, Francis, Paul et Mick. Ils ont treize ans environ, Paul est un poil plus âgé (suite à un accident, Paul a un œil de verre, ce qui meut l'histoire et explique le titre) . Ils lisent de la SF, Fiction , Strange , aiment Gene Colan et les Fantastiques. Tant d'autres choses encore. Surnommés sans aménité Les voyous du 54 par le père d'Hugo (un père freudie...

Mangez-le si vous voulez BD - Gelli d'après Teulé


Les habitués de ce blog ont peut-être lu ma chronique de 2013 du roman de Jean Teulé "Mangez-le si vous voulez".
Le roman de Teulé raconte par le détail et minute après minute une abomination commise par une foule périgourdine durant la guerre de 1870-71. Une barbarie si ignoble que même les graves condamnations prononcées ne sauraient l'équivaloir.

Je ne reviendrai pas ici sur les faits ni sur ses« causes », il suffit d'aller lire mon post précédent, et celui de Nébal auquel il renvoie.
Je dirai juste que la mise en image du récit par Gelli est une vraie réussite, offrant un album très pénible à lire (infiniment moins pénible que ce que subit Alain de Moneys de la part de gens qui étaient des voisins ou des amis).
Traits à l'encre, traitement à la couleur noire. Seule autre couleur, le rouge, rouge du vin et rouge du sang, puis rouge du corps martyrisé de de Moneys, seule tache de couleur dans un univers traité en tons de noir. Quelques visages surnagent, le reste c'est la masse, la foule. La bêtise, l'ignorance, la folie collective, toute l'horreur qu'est une foule, à laquelle s'ajoutent au départ de l'affaire des informations tronquées et des citations imparfaites ; les réseaux sociaux à l'heure du téléphone arabe.
Sans oublier la lâcheté, la peur d'intervenir, l'idée coupable selon laquelle si on ferme les yeux et qu'on ne voit plus une chose, elle cesse d'exister.

A lire absolument, comme un hommage, et pour la façon dont ça illustre certains de nos questionnements contemporains, onze jours seulement après que la société française ait découvert comme par magie ce qui se passait au coeur même de son système éducatif.

Mangez-le si vous voulez, Gelli, d'après Teulé

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