Les Yeux Doux - Corbeyran - Colline

Futur indéterminé et résolument glauque. Arsène travaille à la chaîne dans une usine du conglomérat Atelier Universel. « Travaillait » devrais-je dire car, pour avoir pris une initiative afin de corriger une erreur de production, Arsène est renvoyé dès le début de l'album. On ne plaisante pas avec la hiérarchie dans le système tayloro-fordiste de l'Atelier Universel ; FW Taylor lui-même disait  : « On ne vous demande pas de penser ; il y a des gens payés pour cela. » Privé de son emploi, Arsène, qui vit avec sa sœur cadette Annabelle dans un tout petit appartement, devient vite invisible. Physiquement invisible car invisibilisé socialement par la perte de son statut dans un monde qui définit les êtres par leur place dans le système de production. Et la situation va encore s'aggraver pour le frère et la sœur. Anatole Souclavier, lui, travaille pour Les Yeux Doux, le système de surveillance global par caméra qui épie en permanence les citoyens (sujets?) af...

Période glaciaire - Nicolas de Crécy


Resortie chez Futoropolis de "Période glaciaire", un album de BD de cette collection Louvres, qui se donne pour objectif de faire connaitre le musée en images. Resortie pour fêter les 15 ans de la collection.
Habituellement je ne suis pas fan de ce genre d'art institutionnel mais ici le prétexte était post-apo et (xéno)archéologie. Alors...

Paris, dans 1000 ans ou plus.
Une expédition archéologique parcourt, à la recherche de vestiges archéologiques, les espaces glacés de ce qui fut Paris et dont le nom est oublié depuis longtemps.
Les humains sont accompagnés de chiens/porcs OGM affublés de noms de super-héros (qu'en ce temps on prend pour d'antiques divinités), notamment Hulk dont l'admirable civilité et le langage châtié peinent à dissimuler les sentiments qui animent son petit cœur battant.

Transportant avec eux la cryptique bannière dans laquelle un O est imbriqué dans un M et qui les enjoint à aller Droit au but, les aventuriers vont tomber sur un bout de Rungis puis, après nouvelle marche, sur le Musée de Louvres. Dans les deux cas, ils interpréteront ce qu'ils découvrent, graffitis ou tableaux de maître, à l'aune de leur culture propre, accumulant contresens et déductions erronées.
Dans le même temps, Hulk, détaché du groupe et passé par l'enceinte de Philippe Auguste, sympathise avec les objets du musée, momies, chenets antiques, ou taureaux ailés, jusqu'à aider à leur libération.

Le dessin, fruste comme de l'art pariétal lorsqu'il s'agit de l'expédition, se fait précis quand les œuvres sont montrées. Le contraste nous amène à nous interroger sur nos propres interprétations des Lascaux ou Chauvet.
Le scénario, imparfait, n'est qu'un prétexte à évoquer les œuvres. Drôle quand les chiens/porcs interviennent, intéressant quand il questionne nos vérités archéologiques comme le faisait Donald Kingsbury dans Psychohistoire en péril ou, encore mieux, Ken Liu dans Le Fardeau, moyen le reste du temps.

L'album vaut-il les 20€ qu'il coute ?
Pour l'histoire, sans doute pas. Mais c'est un bel objet, grand format sur papier épais. Et il présente de façon originale 92 œuvres du musée. Alors, on peut bien se faire un petit plaisir un peu inutile.

Période glaciaire, Nicolas de Crécy

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