Bon, parfois il faut prendre des décisions des décisions radicales, comme par
exemple de faire une brève revue de BD, parce qu'on vient d'en lire quatre et
qu'on n'a pas vraiment le temps de faire de tout ça une recension détaillée
(restent plein de fraises à cueillir, Sibeth comprendra).
Sortie du tome 2 de la nouvelle série
Photonik revisitée par Brunschwig et Perger, titrée "Black Power".
Ce pouvoir noir dont parle le titre c'est celui, pense-t-on d'abord, des Black
Panthers, injustement accusés dans le tome 1 d'avoir causé la catastrophe
new-yorkaise et ses centaines de morts. Black Panthers forcés depuis de
défendre les armes à la main la communauté noire attaquée dans tout le pays
sous les yeux d'une police complice qui laisse faire émeutes, lynchages,
pogroms, alors que les médias chantent la chanson de la Maison Blanche qui
fait des Panthers les responsables de l'attentat.
Mais, de fait, c'est du pouvoir noir qui se dissimule au cœur de la Maison
Blanche qu'il s'agit vraiment. Pouvoir nourri dans le sein d'un président
Carter trop confiant pour imaginer ce qui se trame sous ses yeux et à quel
niveau de vilenie sont capables d'aller certains politiques ou militaires
convaincus qu'il leur faut rendre aux USA une « grandeur » perdue lors de
l'abandon de Saïgon causée par « l'influence pernicieuse des gauchistes ». Et
qu'ils peuvent pour cela violer tant les principes que la légalité.
Dans le chaos politique et sociétal causé par les événements en cours, au cœur
d'une conflagration raciale, Darby – le bossu transformé en super-héros – est
une victime (comme durant toute sa vie jusqu'ici), un pion, un enjeu,
et un enemi of state bien commode à offrir à la vindicte populaire sans
oublier d'ajouter une cerise sur le gâteau en affirmant qu'il travaille
(bien sûr) avec les Black Panthers.
Toujours aussi désorienté, et perdu par un contexte qui le dépasse, le jeune
homme devenu surpuissant – mais dont les pouvoirs son encore très capricieux – rencontre enfin le
jeune Billy, le petit garçon noir du tome 1 qui avait fui un Sud devenu trop
dangereux pour lui et tombe à New-York de Charybde en Scylla car les émeutes
raciales l'y rattrapent. Billy, un garçon doté d'un pouvoir très particulier, un
garçon bon aussi, avec qui Darcy s'associe tout à la fin de l'album.
A coté de l'action pure (et il y en a quantité), Brunschwig, comme
toujours, développe avec grande empathie des personnages attachants, y compris
pour des seconds rôles comme la prostituée droguée Pao ou les divers salopards
qui gravitent autour des personnages principaux.
C'est donc un bien plaisant album que celui-ci. Ses auteurs conservent assez
du Photonik originel pour permettre une forme de nostalgie et apportent bien
plus qu'une touche personnelle à une histoire qui est définitivement la leur.
Et, last bot not least, c'est visuellement très beau.
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