The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Ce matin Maman a été téléchargée - Gabriel Naëj - Retour de Bifrost 95


France, 2050 environ. Une technique nouvelle permet de numériser la conscience individuelle des mourants. Largement illégale, la procédure est néanmoins pratiquée par une discrète clinique proche d'un mouvement sectaire : la Voie du futur. Se faire numériser, c'est la décision qu'a pourtant prise Michèle Vidal, une vieille dame qui est incidemment la mère d'un fils unique, Raphaël. Au grand dam de celui-ci.

Cerise sur le gâteau, Michèle, non contente de se faire numériser, organise un download de sa conscience numérique dans le corps d'un robot de service domestique – et pour que ce soit vraiment drôle elle choisit un modèle nommé « pulpeuse », en d'autres termes une « bombasse » robotique. Le but avoué de l'opération est de rester pour l'éternité proche de son fils, de pouvoir continuer à l'aider, le conseiller, le soutenir, quoi que ce dernier puisse en penser.

Elle va alors lui pourrir la vie, nuire à sa relation sentimentale, et provoquer un bordel sans nom en intervenant sur les réseaux comme un virus intrusif jusqu'à être perçue comme une menace par les services secrets. Car à sa présence physique, Michèle va ajouter la traque numérique de son fils, par le biais des lifelogs qui enregistrent tout ce que fait une personne, et quelques modifications manipulatrices de la réalité augmentée du pauvre garçon et de son entourage.

Que ce livre est mauvais !

Style appliqué et consciencieux, futur si proche de nous qu'il n'a guère d'intérêt, banalité du contexte (un vaudeville quelconque comme seule illustration envisagée par l'auteur des questions posées par la numérisation des consciences), délires scientifiques censés être amusants (la puce porteuse de la conscience qui peut provoquer une explosion atomique si on essaie de la forcer), situations qui se veulent drôles et cocasses sans jamais l'être (la mère « pulpeuse » dont l'auteur ne fait rien du physique), personnages taillés à la hache – l'épitomé de la caricature étant atteint avec Michèle, sorte de mère juive abusive entre Madame Sarfati et la Marthe Villalonga d'Un éléphant ça trompe énormément. Et puis des services secrets qui apparaissent par flashes et semblent, dans leur ton et leurs résultats, devoir plus aux Tontons Flingueurs qu'à Matrix. S'y ajoutent un sexisme bon enfant à bas bruit qui aurait été normal seulement dans un roman écrit il y a cinquante ans, une marchande de fleurs, des phrases involontairement drôlatiques « Parée par toi, je me sens digne d’affronter le monde », et un lexique vieux, même les prénoms sont vieux.

J'arrête là, je ne voudrais pas tirer plus sur l'ambulance qui, un jour, emporta Michèle. "Ce matin, maman a été téléchargée" est un roman pour vieilles gens qui veulent s'initier aux dangers d'une modernité bien mystérieuse sans perdre pour autant leur bonne humeur. Ils pourront l'acheter pour la bibliothèque de l'Ehpad, ou se le faire lire par le facteur de Veiller sur mes parents lorsqu'il passera prendre le café.

Ce matin Maman a été téléchargée, Gabriel Naëj

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