Dans le
Bifrost 99 il y a
un dossier très complet sur la grande Shirley
'Haunting of Hill House' Jackson, coordonné de main de maître par
Jean-Daniel Brèque.
Outre le dossier et les rubriques habituelles, on trouve aussi six nouvelles
sous la couverture dessinée par
Miles Hyman.
A tout seigneur tout honneur, on lira deux nouvelles de Shirley Jackson,
La souris et Un jour comme les autres, avec des cacahuètes.
On y retrouve le goût de l'autrice pour l'horreur psychologique domestique
presque casual, et les chutes surprenantes.
Noirs vaisseaux apparus au sud du Paradis est une nouvelle post-contact
très noire de Caitlin R. Kiernan. Elle prend place dans le monde envahi par
les Grands Anciens qu'on subodorait notamment dans
Agents of Dreamland,
que le Bélial publiera bientôt dans la collection Une Heure-Lumière et que
votre serviteur
avait chroniqué en VO, ou
Black Helicopters.
Plus noir que Lovecraft, proche de Ligotti, le texte est annonciateur d'un
avenir qui glace d'effroi. Il fallait bien qu'un jour les cultistes arrivent à
leur fin et que l'humanité subissent tout le poids d'une rencontre avec
l'horreur cosmique.
Alix E. Harrow propose, avec Guide sorcier de l’évasion : atlas pratique des contrées réelles et
imaginaires, une déclaration d'amour aux livres et à leur pouvoir quasi-magique de
permettre l'évasion, de mettre le monde à portée, et d'aider à se
définir (le pouvoir des mots de Maïakovski). C'est aussi un cri d'amour
lancé aux bibliothèques qui mettent les livres à la portée de tous et aux
merveilleuses bibliothécaires qui, telles des marieuses juives, trouvent le
livre qui donnera un sens à la vie de l'emprunteur. Merci aux bibliothécaires
(de la part de quelqu'un qui a fait sa première bibliothèque de FNA en
chourant à la biblio - stop ! il y a prescription).
Un texte qui parle du pouvoir des livres, de l'amitié qu'on peut éprouver pour
eux, et qui rappellera sans doute le
Morwenna
de Jo Walton
(Prix Hugo, comme l'est ce texte-ci, et pour les mêmes raisons).
L. L. Kloetzer offre, avec
Ourobouros, une nouvelle trépidante dans le
monde de
Anamnèse de Lady Star. Il nous donne à voir Celephaïs, un habitat spatial. Géographie,
technologie, organisation et dissension sociales, jeux de pouvoir et intrigues
politiques. Tout y est, tout ceci sans avoir l'air d'y toucher, à travers une
course contre ghost dont on sort ébouriffé tant on en ressent la vitesse. De
la belle ouvrage.
Un monde, jusqu'ici seulement entr'aperçu, dans lequel se déploiera peut-être
un jour un nouveau récit. Espérons-le.
Et enfin, le choc. Par les visages, d'Olivier Caruso, est une nouvelle
science-fictive. On y voit une maladie inédite et dévastatrice se déployer
dans Paris alors que la sœur jumelle de l'héroïne tourne dans l'ISS. Pendant
qu'en bas tout s'effondre rapidement, en haut on fait une découverte
stupéfiante.
D'une situation normale, et presque jacksonienne, Caruso fait basculer son
monde dans un merdier rigolard et délirant qui rappelle les meilleures pages
de Vian avant de montrer que la rigolade est finie et de lorgner vers Vandermeer ou Kiernan. Le texte, par sa progression maîtrisée, par
l'inexorable montée aux extrêmes qui rencontre puis dépasse la phase de déni
jusqu'à la laisser si loin derrière qu'elle pourrait n'avoir jamais existé,
est véritablement bluffant.
Il est question d'une novella à suivre. YES !
PS : Un texte où on envoie chier le Spritz ne peut pas être foncièrement mauvais.
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