The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Hope - For the Future - Adams - Broxton


Immédiat après-guerre, Hollywood. Mallory Hope est un détective privé. Il arpente les rues de la cité des rêves – ou de la nouvelle Babylone, c'est selon.
Deux différences entre son Hollywood et le nôtre.
D'abord, dans ce monde, la magie existe. Discrète, aux marges, elle n'est pas spectaculaire. Mais elle donne à ceux qui la maîtrisent des pouvoirs bien supérieurs à ceux des simples humains – à un prix qui devient vite exorbitant. Hope est un pratiquant. Il en paie le prix physique. Il est, de plus et à cause de ses expériences, affublé d'un inquiétant démon silencieux qui s'attache au moindre de ses pas.
Ensuite, le monde est uchronique. Le Président des Etats-Unis s'appelle Wallace, et, si vous croyez vraiment que c'est une hémorragie cérébrale qui a tué Roosevelt, vous êtes naïf.

C'est dans ce monde que Hope doit retrouver, à la demande de ses parents, Busty Ritz, un enfant star mystérieusement disparu. C'est là aussi qu'il doit affronter les blessures de son passé, que cette enquête particulière ravive.
Il lui faudra courage, détermination, et un peu de magie pour mener à bien sa mission.

"For the Future" est le premier tome de la série Hope, écrite par Guy Adams, dessinée par Jimmy Broxton, et publiée par 2000AD (l'éditeur original de Judge Dredd).

Rendu en NB dans une ambiance sombre qui évoque le film noir, "For the Future" est un album qui met en scène un archétype déjà bien connu, celui du privé à passif, aussi borderline qu'au bout du rouleau. Difficile d'innover dans cet exercice, la magie y pourvoit, en partie seulement.

C'est aussi aux bas-fonds d'Hollywood que l'auteur confronte le lecteur, au monde caché derrière les lumières et les merveilles. Un monde fait de mafieux, de politiciens et de flics corrompus, de starlettes génériques corvéables à merci, de trop de tout, d'alcool, de drogue, de sexe, d'argent. Un monde aussi où la violence se dissimule derrière les façades des villas de luxe, où les femmes fatales blessent et sont blessées.

C'est encore le monde des enfants stars qu'Adams présente au lecteur. Un monde impitoyable dans lequel de très jeunes enfants, coachés et poussés par des parents parfois frustrés de ne pas avoir connu le succès eux-mêmes, passent en quelques instants de l'anonymat à la célébrité et à la fortune (surtout pour leurs parents). Un monde dont la plupart finiront éjectés quand ils grandiront et que le public se tournera vers de nouvelles incarnations de la jeunesse et de l'innocence – s'ils conservent seulement un peu d'argent de cette aventure ils pourront s'estimer heureux.
L'album, dans un dialogue vers la fin, trouve le ton juste sur cette question et sur les troubles qu'une telle situation peut engendrer.

Plus de background que d'histoire, "For the Future" sonne comme un volume de présentation.
De la magie certes, mais ni trop exploitée ni trop expliquée dans ses mécanismes ; idem pour l'uchronie. Un traumatisme passé dont on parle mais qui pour l'instant n'est pas vraiment un moteur narratif. Une enquête présente (Busty Ritz) trop rapidement résolue pour être vraiment satisfaisante.
Un point fort, le nihilisme du récit : quand on traite en noir un monde noir il ne faut pas être pusillanime. Ici pas de rédemption, les coupables paient, les victimes innocentes trinquent.
Le sentiment final est que Adams et Broxton ont pris ce volume pour installer leur monde et leur fil rouge. Ils doivent maintenant le remplir de récits complexes tout en développant, brin par brin, le fil rouge.

Un tome 2 sortira en VO en janvier prochain. J'irai voir si la série prend de l'ampleur. Pour l'instant, elle offre encore trop peu, en dépit d'une ambiance intéressante.

Hope, for the Future, Guy Adams, Jilly Broxton
Dispo en VF chez Delcourt

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