The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Repo Virtual - Corey J. White


ON VA FAIRE BREF.
"Repo Man" est le premier roman cyberpunk de Corey J. White. Premier roman, c'est sûr, cyberpunk, à voir.

Neo Songdo, futur pas si éloigné. JD est un jeune homme qui vit de petits boulots, mécanicien de robots quand il est offline, irl, repo man quand il est online. Il est un jour contacté par son demi-frère Soo-Hyun qui lui propose un contrat de « récupération » – disons un vol – pour 50000 euros ; juste la somme nécessaire pour faire opérer le genou de JD, endommagé à cause de Soo-Hyun lors d'une émeute passée. Aussi, en dépit du caractère illégal de l'opération et de la méfiance que les plans de son frère lui inspirent, JD accepte. Il va voler, pour le compte de Kali – une femme en lutte, entre chef de bande et prêtresse, qui vit dans une sorte de ZAD avec Soo-Hyun et quantité d'autres suivants –, le virus qu’elle dit avoir crée et qui se trouve en possession de Zero Lee, le président fondateur de Zero Corp, la firme la plus riche et la plus puissante du monde.
Sitôt dit, sitôt fait, avec un minimum de préparation et l'aide d'un très jeune hacker recruté par JD, le vol est lancé, dans les appartements même de Zero Lee. Mais JD comprend vite que ce qu'il vient de voler est bien plus qu'un simple virus, sans doute la première IA sentiente. Il refuse donc de la livrer à Kali.
De là tout s'emballe, entre Kali et ses sbires qui veulent récupérer le logiciel, la Zero Corp qui veut la même chose et a embauché une professionnelle – ex-criminelle de guerre – pour ça, et le logiciel lui-même qui se met à développer son propre agenda.

CYBER, "Repo Virtual" l'est – même si certains points techniques semblent zarb'

Début du roman online dans le jeu vidéo de Zero Corp auquel jouent H24 des millions de joueurs et qui a fait sa fortune. On y voit JD accomplir un travail de récupération officiel pour le compte de Zero. On y voit, virtuellement, la puissance de Zero, mégafirme qui dispose de sa propre cryptomonnaie, plus acceptée que les monnaies nationales, fait travailler des milliers de « mineurs », possède légalement la ville de Neo Songdo.
Une ville, bâtie sur des fondations de déchets compactés, où l'indécente richesse côtoie la plus abjecte pauvreté – une ville où le vrai café ou le bacon sont déjà des denrées de luxe, inaccessibles à la plupart.
Une smart city, patrouillée par les chiens robots de la police (comme à Singapour aujourd'hui), dont chaque caméra et senseur informe en temps réel les serveurs de Zero Corp.
Une ville dont on ne voit jamais la vérité, cachée qu’elle est derrière des couches de réalité augmentée que tout le monde a – via des lentilles – dans les yeux en permanence (on ajoute des pubs ou des messages d'alerte, on projette la guerre spatiale du jeu vidéo dans les cieux, on supprime les homeless de la vision, etc.).
On y survit en faisant la petite main pour suppléer aux limites des algorithmes ou en réparant les robots ; on y est – sauf pour l'upper class – les supplétifs des agents numériques.
Aussi on y combat (avec des armes imprimées 3D quand on n'a pas mieux), parfois on y meurt.

Mais PUNK...!?!

"Repo Virtual" est un roman « gentil ». Dont les personnages principaux sont « gentils » ou, touchés par la grâce, le deviennent.
JD n'est pas le Case de Neuromancien. C'est plutôt un brave garçon qui réussit de manière invraisemblable un vol très sensible. Il n'aime pas la violence, regrette celle de Soo-Hyun et encore plus celle de ses partenaires. Il fait sa passe en essayant de ne pas blesser ni tuer. Puis, il découvre vite que le « virus » est sans doute une IA qui a conscience d'elle-même.
L'IA, elle, est comme un bébé, curieuse et amicale. Elle veut aider JD et ses amis (on dirait un titre de dessin animé). Mais surtout JD et ses potes ne veulent pas donner l'IA (Mirae) à ceux qui la veulent – et qui les menacent d'atrocités – car ils pensent qu'un « être » sentient devrait être libre de vivre sa vie.
La petite bande est aidée par Enda, la pro lancée à leurs trousses, qui décide de se joindre à eux pour les aider, ce qui lui fait perdre 1 million d'euros et surtout l'effacement de son passé sulfureux. Mais elle aussi est devenue gentille.
D’ailleurs, quand Soo-Hyun, qui était littéralement hypnotisé par Kali, comprend qu'elle est vraiment méchante, il redevient gentil et rejoint son frère.
A la fin, tous les méchants sont bien punis.
Avec le minimum de dégâts humains possibles (sauf quand Enda tire – n'oubliez pas, cette gentille est une ancienne méchante qui sait tuer).
Sans trop de vraies difficultés.
En culminant dans deux opérations, une pour Zero et une pour Kali, qui semblent aussi triviales l'une que l'autre – comme la toute première chez Zero Lee – et donnent une nouvelle occasion à Enda de prouver à quel point elle est devenue gentille (même si, au final, son sacrifice lui coûte assez peu).
Et se terminant par un épilogue tout mignonnet qui montre qu'un bienfait n'est jamais perdu.
Ne manquent que deux, trois banalités bien senties sur le capitalisme. En fait, non, elles ne manquent pas, elles sont là.

Appelons ça CYBERSOLARPUNK, ou mieux, CYBERNEWROMANTICS.

Si on n'est pas une bête sauvage comme moi, on peut apprécier ce roman qui n'a pas de gros défaut même s'il n'a guère de grande qualité. En plus, y'a de la diversité à qui mieux mieux, que demande le peuple ?
Deux point réussis quand même : les descriptions détaillées de la ville, et la dépiction, en deux ou trois pages de discours très réussies, de Kali en gourou hypnotique, quelque part entre Jésus prêchant sur la montagne, Jim Jones, et Alain Damasio.

Repo Virtual, Corey J. White

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