"
Tamanoir" est un projet zarb' né dans l'esprit de Jean Luc A. d'Asciano d'une conversation alors qu'il était au milieu de l'écriture de
Souviens-toi des monstres. Il s'agissait de créer un succédané de poulpe à la sauce fantastique. Voilà comment, quelques années plus tard est né "
Tamanoir", un nouvel animal aux extrémités proéminentes en lieu et place du Poulpe original.
Tu connais sûrement, lecteur,
le Poulpe – au moins de nom.
Il est le personnage principal d'une série de polars inaugurée par Jean-Bernard Pouy.
Le Poulpe, de son vrai nom Gabriel Lecouvreur, est un « détective » anar et gouailleur qui, en fait, n'enquête pas vraiment grand chose, mais fout assez de bordel dans le petit milieu qui entoure l'affaire à laquelle il est confronté pour que celle-ci tende à se régler peu ou prou toute seule, par autocatalyse.
Des dizaines d'auteurs ont écrit des aventures du Poulpe, chacun devant respecter la bible de la série.
Mais, hasard ou volonté, jamais de fantastique dans les aventures de l'octopode proudhonien.
D'Asciano, avec son "
Tamanoir", corrige cette carence et livre une histoire qui convoque, dans le Paris actuel, non loin du Père Lachaise, immortels et démons.
Le roman
(court, ça fait partie du deal), s'ouvre sur un triple meurtre. Un SDF et deux travailleurs sociaux abattus par des professionnels à l'intérieur du Père Lachaise. Mais voilà qu'un des cadavres – et son chat – se relève. Quelque chose n'est décidément pas clair et visiblement fantastique.
Peu de temps après, prenant son café au troquet
La tentation de Saint-Antoine, Nathaniel, dit le Tamanoir, prend connaissance de l'affaire et décide de la prendre en main. Aidé de quelques amis hauts en couleurs, et du flair que lui donne son long nez, il plonge dans un milieu interlope plein d'associations douteuses, de SDF, de punks à chien, de Gitans, de Serbes...
Au prix de grands périls et de quelques castagnes, tirant le fil des meurtres mystérieux au cimetière, il met à jour une petite affaire qui progressivement devient très grosse et découvre des vérités incroyables sur des plans de réalité qui ne sont pas ceux qu'habite normalement l’humanité. A la fin, bien sûr, après un odyssée dantesque inversée
(il monte au lieu de descendre), il gagne, et c'est tant mieux.
Créant un petit monde anarchiste et très populaire à la Mocky, d'Asciano invente un univers entre Le Poulpe
(c'était le but) et San Antonio.
C'est populo, cru, assez crade, limite scato à un moment donné
(lorsqu'est utilisée une « lance » magique qui est tout sauf celle de Longinus).
C'est bavard aussi. Ca cause
Jünger, ça disserte
Révolte des Cabochiens, ça parle Jésus.
C'est rigolard dans la forme, même si les enjeux du fond sont sérieux et nous rappellent que
« The evil than men do lives on and on ».
Et ça respecte à la lettre la bible du Poulpe. Qu'on en juge.
Le Poulpe s'appelle ainsi à cause de ses longs bras, le Tamanoir à cause de son long nez.
Le Tamanoir a une compagne libre et forte, comme le Poulpe.
Il est pote avec le personnel du troquet près de chez lui, comme le Poulpe ; le cuisinier s'y nomme même Vlad dans les deux cas.
Le bistrotier du Poulpe a un chien, celui du Tamanoir un perroquet.
Le Poulpe est pote avec un anarchiste espagnol surarmé, le Tamanoir avec un Italien du même tonneau.
Même la structure des romans colle au modèle. Début avec le meurtre. Prise de connaissance de l'affaire au bistrot. Début d'enquête. Passage chez la copine qui, de fait, loge le Tamanoir. Plan et armes, avec le pote anarchiste. Lecture d'un livre
(passage obligé). Descente de bière
(plusieurs, passage obligé aussi). Bagarres nombreuses et évanouissements. Conclusion au bistrot. Après l'intervention du Tamanoir tout est rentré dans l'ordre et la justice a été rendue
(même si par des voies tortueuses).
Voilà, c'est marrant, pas sérieux
(en dépit d'un monologue qui, lui, l'est pourtant), vite et agréablement lu. Et c'est ouvert à maintes suites ou reprises ; monde et personnages sont crées.
Les amateurs du Poulpe ou de San Antonio adoreront. Les joueur d'In Nomine Satanis aussi. Les autres...à voir.
Tamanoir, Jean-Luc d'Asciano
Commentaires
Faudra voir si ce n'est pas trop du copier-coller.
A toi de voir au cas où ton niveau d'exigence serait plus élevé.