The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Le Journal de confinement de Gromovar


Inspiré, que dis-je ?, exalté par les exemples de Leila Slimani et de Marie Darrieussecq, et ne pouvant plus résister à l'attente de celui de Michel Houellebecq dont je ne doute pas qu'il aurait un ton différent, je me lance à mon tour dans un Journal de Confinement.
Les Français ont besoin de savoir que les connards élitistes sont dans la même barque qu'eux - même s'ils essaient d'avoir un petit coussin de soie entre leurs fesses et le bois du banc de nage.

J'avais prévu de vous parler du "Edges", de Linda Nagata, mais depuis que je sais, grâce à Slimani, que le confinement c'est comme La Belle au bois dormant, je me dis que ça peut attendre un siècle qu'on soit tous réveillés.

Donc, Journal.
N'ayant pas l'immense talent littéraire des deux personnes sus-citées, je vais être factuel.

En confinement, profitant à plein poumon des pollens d'arbre, j'entendais le bruit des crapauds et je trouvais ça beau - il n'y a qu'auprès d'une éolienne que j'aurais profité plus pleinement du ressac du bruit automobile.

Je profitais pleinement de ma famille dont les membres, tous en télétravail, s'évitaient consciencieusement toute la journée - le télétravail c'est bruyant. Qu'importe, des bruits de voix humaines indistinctes m'indiquaient qu'ils étaient quelque part, à l'intérieur de la zone de décroissance logarithmique du son.

J'avais l’impression que c'était enfin la fin du capitalisme néo-libéral, vaincu par un minuscule organisme comme le géant Goliath l'avait été par le petit David ; en fait, non, mais ça avait l'air de faire tellement plaisir à certains de le penser que, pour leur faire plaisir, je faisais semblant d'y croire un peu.

C'était comme Mai 68 - que je ratai de peu - mais sans les SS ce qui était plutôt mieux.

Certes, ce n'était pas rose tous les jours.

Dans ce Château de La Belle au bois dormant que j'habitais et qui prenait parfois des airs de Château de Barbe Bleue, j'ai dû :


  • constituer des stocks de PQ, de pâtes, de masques, de gel hydroalcoolique, de Doliprane, de chloroquine, de masques divers et variés, sans oublier cacahuètes et bières
  • m'obliger à faire du jogging
  • regarder Canal+ en clair, les chaine OCS gratuites, l'INA gratuit, Pornhub gratuit, j'en oublie, de toute façon 24 heures n'y suffisaient pas
  • supporter toutes les feelgood video sur Internet
  • supporter les analyses à deux balles de 66 millions de gens incapables de dire une seule fois dans leur putain d’existence "Là, ce n'est pas mon domaine, je ne sais pas"
  • supporter la vue des salopards qui sortent malgré le confinement et la frustration de ne pas pouvoir leur casser les jambes à la batte cloutée
  • supporter, à ce jour, 18000 heures de débats et de questions sur le coronavirus (et, étrangement, aucune posée à ceux qui, en 2011, décidèrent de ne pas renouveler les stocks de masques)
  • rater Iggy Pop en concert (même s'il est dispo sur Arte concert, conseil d'ami, si tant est que tu puisses te prévaloir de ce titre, lecteur)
  • regretter ce que Cioran aurait pu dire de tout ça et qu'il ne dira pas
  • penser que pour Paul Léautaud ça n'aurait pas changé grand chose
  • même lire "Edges" jusqu'au bout après avoir senti que je n'aimerai sans doute guère


Disons-en trois mots quand même :

Edges côté + :
un très grand sense of wonder, des post-humains impressionnants dans des vaisseaux bio-mécaniques, et d'autres encore plus impressionnants, quasi-divins

Edges côté - :
un roman mou et lent qui ne démarre vraiment qu'à la moitié des 400 pages sans toutefois devenir vraiment plus dynamique, des personnages tellement instanciés (dans des corps clonés ou des mémoires informatiques qui peuvent même être dédoublées) qu'il est difficile de s'y attacher vraiment, des phases parfois confuses entre les divers avatars des uns et des autres et les diverses strates concurrentes des vaisseaux

Au final, une idée intéressante, les copies de personnalités numérisées, dont Nagata ne fait pas grand chose de vraiment utile, alors qu'il y avait un vrai potentiel avec ces explorations instanciées dont elle ne fait usage réellement efficace qu'une seule fois.

Edges, Linda Nagata

Commentaires

Vert a dit…
Je pense que tu devrais continuer ce journal et l'envoyer à un éditeur à la fin du confinement :D
Gromovar a dit…
Merci pour ton soutien ;)