Daryl Gregory : I’m Not Disappointed Just Mad AKA The Heaviest Couch in the Known Universe

Conseil aux nouveaux auteurs : Faites attention quand vous plaisantez en ligne. Imaginez, vous faites une blague sur l’écriture d’une histoire ridicule, quelque chose que vous n'écririez jamais ; ce n'est qu'une bonne blague jusqu’à ce qu’un éditeur en entende parler et vous demande d’écrire cette histoire. Il y a quelques années, sur un site, je disais à quel point Iain Banks était mon écrivain préféré mais que si je devais écrire un space opera, ce serait sur deux fumeurs défoncés qui manquent la guerre interstellaire parce qu’ils essaient de déplacer un canapé d’un bout à l’autre de la ville. Jonathan Strahan est alors intervenu et a dit : Je publierais ça. Ha ha ! Très drôle. Il a alors ajouté : Non, vraiment. Plus tard, on s’est croisés à une convention, et il m’a dit : Alors, cette histoire façon Iain Banks ? Et voilà, c'est fait ! Je sais, c’est une histoire absurde, mais en ces temps sombres... Sachez juste qu’elle a été écrite avec beaucoup d’amour et d’admir

Black Hammer Age of Doom II - Lemire - Ormston



"Age of Doom part II" est le quatrième volume de la série Black Hammer. Il conclut la série principale alors que se développent autour d'elle de plus en plus de séries dérivées et de crossovers.

La vérité révélée dans le volume précédent et le mouvement aussi inopiné que périlleux de Captain Weird avaient laissé les lecteurs dans l'expectative sur la suite possible des événements.
Force est de dire que le début de "Age of Doom part II" ne les aide guère à sortir de leurs interrogations. On y voit Weird, seul, transporté dans une étrange dimension parallèle où échouent les histoires non abouties et les personnages qui devaient les vivre. Du reste de l'équipe, aucune trace, du monde que nous connaissons, non plus.
Weird est ailleurs, en un lieu méta où il est inutile, alors que la menace d'Anti-God pèse de nouveau sur notre terre.

Il faudra à Weird un peu d'idée, beaucoup de chance, et le sacrifice de la plupart de ses compagnons d'infortune, pour parvenir à fuir le monde demi-créé des histoires abandonnées. Une rencontre avec son créateur plus tard, il peut rejoindre le nôtre, celui de Black Hammer, où tout reste à faire pour arrêter définitivement Anti-God (c'est à dire – soyons clair – sauver la réalité).

Mais, de retour ici, Weird découvre qu'il doit d'abord « réactiver » l'équipe. Car si ses amis l'ont bien précédés dans le monde qui est le nôtre, ils sont tous parfaitement incapables de combattre la menace cosmique qui commence pourtant déjà à se manifester, et risque à terme d'anéantir toute vie sur Terre.

Sans spoiler (voilà pourquoi, sur le détail des faits, j'étais aussi vague au-dessus et deviendrai mutique en-dessous), disons que Lemire joue volontairement ici la mise en abyme super-héroïque. Et qu'il ne le fait pas à moitié.

Reboot de l'histoire (pourquoi se gêner ? tout le monde le fait dès qu'il en a envie), second reboot à peu de distance (plus on est de fous...), explications ad hoc sur la présence heureuse des pouvoirs nécessaires à traiter la menace ou des immunités qui permettent de lui résister, développements opportuns permettant de débloquer des situations inextricables, amnésies à point nommé, happy ends de dernière minute, etc.

Lemire joue ici à être aussi peu scrupuleux que les caciques de Marvel ou DC. Mais il le fait à dessein, dans un but parodique, alors qu'il n'en a aucun besoin pour une histoire qui se termine – et se serait terminée même sans ces artifices – et qu'il ne cherche nullement à relancer. Il joue le sale gosse qui connaît à merveille le monde des comics et qui a choisi de lui renvoyer ses travers à la face en donnant l'impression qu'il les partagent aussi.

Il fait ainsi aux lecteur chevronnés un amusant clin d’œil et offre simultanément à tous les lecteurs une fin satisfaisante, qui n'appelle pas à suite, et qui rend à la toute fin aux personnages principaux la joie et le bonheur qu'ils ont eux-mêmes offerts aux lecteurs durant plusieurs centaines de pages.

Au risque de me répéter, je dirais que Lemire fait encore un magnifique travail, qu'il livre un scénario roué autant qu'amoureux, et que Black Hammer est une incontestable réussite.

Black Hammer Age of Doom part II, Lemire, Ormston

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