"Age of Doom part II" est le quatrième volume de la série Black Hammer. Il conclut la
série principale alors que se développent autour d'elle de plus en
plus de séries dérivées et de crossovers.
La vérité révélée
dans
le volume précédent et le mouvement aussi inopiné que
périlleux de Captain Weird avaient laissé les lecteurs dans
l'expectative sur la suite possible des événements.
Force est de dire
que le début de "Age of Doom part II" ne les aide guère à sortir de
leurs interrogations. On y voit Weird, seul, transporté dans une
étrange dimension parallèle où échouent les histoires non
abouties et les personnages qui devaient les vivre. Du reste de
l'équipe, aucune trace, du monde que nous connaissons, non plus.
Weird est ailleurs,
en un lieu méta où il est inutile, alors que la menace d'Anti-God pèse
de nouveau sur notre terre.
Il faudra à Weird
un peu d'idée, beaucoup de chance, et le sacrifice de la plupart de
ses compagnons d'infortune, pour parvenir à fuir le monde demi-créé
des histoires abandonnées. Une rencontre avec son créateur plus tard, il peut rejoindre le nôtre, celui de Black Hammer, où
tout reste à faire pour arrêter définitivement Anti-God (c'est à
dire – soyons clair – sauver la réalité).
Mais, de retour ici,
Weird découvre qu'il doit d'abord « réactiver » l'équipe. Car si ses
amis l'ont bien précédés dans le monde qui est le nôtre, ils sont
tous parfaitement incapables de combattre la menace cosmique qui
commence pourtant déjà à se manifester, et risque à terme d'anéantir toute
vie sur Terre.
Sans spoiler (voilà
pourquoi, sur le détail des faits, j'étais aussi vague au-dessus et
deviendrai mutique en-dessous), disons que Lemire joue volontairement ici la mise en
abyme super-héroïque. Et qu'il ne le fait pas à moitié.
Reboot de l'histoire
(pourquoi se gêner ? tout le monde le fait dès qu'il en a
envie), second reboot à peu de distance (plus on est de fous...),
explications ad hoc sur la présence heureuse des pouvoirs
nécessaires à traiter la menace ou des immunités qui permettent de
lui résister, développements opportuns permettant de débloquer des
situations inextricables, amnésies à point nommé, happy ends de dernière minute, etc.
Lemire joue ici à
être aussi peu scrupuleux que les caciques de Marvel ou DC. Mais il
le fait à dessein, dans un but parodique, alors qu'il n'en a aucun besoin pour une histoire qui se termine – et se serait terminée même sans ces artifices – et qu'il ne cherche nullement
à relancer. Il joue le sale gosse qui connaît à merveille le monde
des comics et qui a choisi de lui renvoyer ses travers à la face en donnant
l'impression qu'il les partagent aussi.
Il fait ainsi aux
lecteur chevronnés un amusant clin d’œil et offre simultanément
à tous les lecteurs une fin satisfaisante, qui n'appelle pas à
suite, et qui rend à la toute fin aux personnages principaux la joie et le bonheur
qu'ils ont eux-mêmes offerts aux lecteurs durant plusieurs
centaines de pages.
Au risque de me
répéter, je dirais que Lemire fait encore un magnifique travail, qu'il livre un scénario roué autant qu'amoureux, et
que Black Hammer est une incontestable réussite.
Black Hammer Age of
Doom part II, Lemire, Ormston
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