Eric LaRocca - As-tu mérité tes yeux ?

Agnes Petrella est une jeune américaine un peu dans la dèche. Elle est lesbienne aussi, ce qui ne change pas grand chose à l'histoire au début alors que « dans la dèche » en est le point de départ. En ce 26 mai 2000, Agnes, qui a besoin de 250$ pour payer son loyer du mois, poste sur un forum queer une annonce pour mettre en vente un épluche-pomme vieux de plus d'un siècle. Contrairement à ce qui se pratique habituellement, elle a composé pour ce faire un message de presque quatre pages dans lequel elle explique avec force détails à quel point cet épluche-pomme est un élément important de son histoire familiale et donc à quel point aussi il lui est pénible de s'en séparer. Nécessité faisant loi elle s'y est finalement décidée mais, dit-elle, elle ne consentira à vendre l'objet qu'à un collectionneur sérieux (!). Deux jours plus tard, après quelques réponses insultantes, Agnes en reçoit une intéressante d'une certaine Zoe Cross qui dit être intéressée et prêt...

Meet the Skrulls - Thompson - Henrichon


Ami lecteur, dois-tu lire "Meet the Skrulls", la minisérie dont Marvel vient de sortir le premier TPB (#1-5) ?

D'abord, connais-tu l'univers Marvel et la place des Skrulls dans celui-ci ? Sais-tu même ce qu'est un Skrull ?
Si ce n'est pas le cas, je te déconseille l'album. Tu ne comprendras pas les références d'une seule case, et tu auras sans doute du mal à t’imprégner assez de la culture de la race métamorphe et des enjeux concernant son existence même pour voir l'importance et le tragique de la chose.

Si tu as passé le premier filtre, demande-toi si tu as vu la série The Americans ?
Si la réponse est oui, je suis tenté de te déconseiller aussi l'album (conseil que j'aurais dû suivre moi-même). En effet, on est presque dans du copier/coller. Donc, d'abord, tu ne seras jamais surpris, ensuite, tu auras sans cesse l'image de The Americans superposée à celle de "Meet the Skrulls" sur ton écran mental. Gênant.

Au cas où tu voudrais en savoir plus, allons-y !

La famille Warner est une petite famille américaine typique de banlieue.
Père et mère travaillent. Les filles vont au lycée.
A table, le soir, on se raconte des anecdotes de boulot ou on parle de ces micro « événements » lycéens qui sont la substance des sitcoms – la peste, le bully, le gars ou la fille populaire, les soirées avec ou sans parents dans la maison, etc.
Un détail néanmoins : les Warner semblent humains mais ce sont des Skrulls infiltrés, un couple et leurs enfants installés en mission à long terme pour contrer la lutte anti-skrull et, in fine, participer à la prise de contrôle de la Terre. La mission est vitale et chacun y a sa part à jouer – renseignement ou action. Les parents le font dans le cadre de leur emploi, les filles en sympathisant avec les enfants de parents à la position professionnelle utile.

"Meet the Skrulls" met donc en scène une famille Warner qui est simultanément un groupe d'espions (avec missions, risques, combats, etc.) et une famille presque ordinaire (avec les problèmes banaux inhérents à toute famille, surtout si elle compte des adolescents – problèmes dont, ici, la mission rend plus difficile la gestion). Les deux aspects intersectent de plus en plus et font souffrir doublement les Warner. On y ajoute pour bien faire une équipe d'agents qui traque et élimine les Skrulls infiltrés – et s'intéresse maintenant aux Warner.

Danger, perte, attrait pour le mode de vie humain (chez les plus jeunes), et, espionnage oblige, double jeu, triple jeu, secret, trahison. Ca avance tranquillement, il y a régulièrement des révélations (là, l'effet TPB est peut-être néfaste car la question qu'on se pose page x n'a pas le temps de mariner mais trouve sa réponse 5 minutes plus tard à la page y). Ce n'est jamais ni surprenant ni stupéfiant.
Ce n'est pas désagréable à lire mais c'est vraiment un clone de The Americans – même si Tony Stark et Pepper Potts font une apparition.

De plus, le dessin est assez quelconque. Les Skrulls ne sont parfois vraiment identifiables qu'à leurs vêtements car leurs visages sont assez cookie-cutter (surtout vrai pour les filles).

Le bilan final est donc plutôt négatif. Je pense qu'on peut passer son tour. Sauf si on adore les Skrulls et qu'on veut ressentir la Schadenfreude de voir les Warner injustement accusés à la fin, comme leur arch-enemy Mar-Vell le fut il y a très longtemps.

Meet the Skrulls, Thompson, Henrichon

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