Daryl Gregory : I’m Not Disappointed Just Mad AKA The Heaviest Couch in the Known Universe

Conseil aux nouveaux auteurs : Faites attention quand vous plaisantez en ligne. Imaginez, vous faites une blague sur l’écriture d’une histoire ridicule, quelque chose que vous n'écririez jamais ; ce n'est qu'une bonne blague jusqu’à ce qu’un éditeur en entende parler et vous demande d’écrire cette histoire. Il y a quelques années, sur un site, je disais à quel point Iain Banks était mon écrivain préféré mais que si je devais écrire un space opera, ce serait sur deux fumeurs défoncés qui manquent la guerre interstellaire parce qu’ils essaient de déplacer un canapé d’un bout à l’autre de la ville. Jonathan Strahan est alors intervenu et a dit : Je publierais ça. Ha ha ! Très drôle. Il a alors ajouté : Non, vraiment. Plus tard, on s’est croisés à une convention, et il m’a dit : Alors, cette histoire façon Iain Banks ? Et voilà, c'est fait ! Je sais, c’est une histoire absurde, mais en ces temps sombres... Sachez juste qu’elle a été écrite avec beaucoup d’amour et d’admir

House of Whispers - Moins qu'hier plus que demain - Brève revue de BD


Pour commencer, quelques mots sur l'album "Moins qu'hier, plus que demain" de Fabcaro (paru il y a un an).
Au titre tu comprends, lecteur, qu'il va s'agir d'amour et de couples. Mais contrairement à l'habitude, c'est de décrépitude du sentiment et de déliquescence du couple dont il va être question.

61 planches, presque autant de couples saisis comme en courtes vidéos, de très tôt le matin à tard le soir. Un seul couple fil rouge ouvre et ferme le bal : Géraldine et Fabien, ou plus précisément Fabien seul dans son lit – et dans le déni – appelant sans relâche une Géraldine qui ne répondra jamais et feignant de croire que son silence est normal. On pense beaucoup au Jean-Claude Tergal de Tronchet s'organisant pour penser à ne plus penser à son ex.

Les autres couples disent l'indifférence, les non-dits, les tromperies, les incompréhensions, et surtout l'ennui, celui qui s'installe entre deux personnes qui n'ont plus rien à partager si ce n'est des frais et des corvées. Sans oublier ces « Agacements » dont parlait JC Kaufmann qui conduisent au compromis ou à la rupture.

Comme dans toute BD humoristique, chacun aimera et s'amusera plus ou moins de telle ou telle planche – telle ou telle tranche de vie donc. Globalement, tout le monde peut se retrouver dans l'une ou l'autre, ou, disons, y retrouver ses proches. Ca permet de passer un bon petit moment.
Et je suggère de le laisser aux toilettes (le format narratif s'y prête) pour que chacun – invités compris – puisse profiter d'une ou deux situations à chaque passage.

Moins qu'hier, plus que demain, Fabcaro


Gros morceau maintenant avec le TPB "The Power Divided", première partie de la série House of Whispers.

Scénarisé par Nalo Hopkinson, House of Whispers est l'un des quatre spin-offs Sandman Universe.
Dans le contexte, connu des lecteurs de Sandman, de l'absence de Dream, Hopkinson introduit les divinités vaudou dans une aventure folle.

Quand quatre filles de la Nouvelle-Orléans lisent par jeu un livre mystique qui leur est tombé entre les mains par accident – un de ces livres non écrits mais rêvés que stocke la bibliothèque de Dream – , elles provoquent sans le vouloir une crise mondiale de dépressions et de suicides, liés à un pseudo syndrome de Cotard induit et transmissible. Par leur faute, Shakpanaorisha des maladies – est libéré, plus fou et puissant que jamais, alors que monde vaudou et monde du rêve sont entrés en collision.

Il faudra toute l'énergie de la déesse Erzulie Freda, la « tante » de Shakpana, pour le contrer. Une énergie dont elle manque cruellement car les manigances de son « neveu » l'ont projetée – elle et le Dahomey Ship sur lequel elle vit avec sa cour – dans le monde de Dream. Hors de la dimension terrestre, elle est coupée de ses adorateurs, privée donc de l'énergie de leur amour, très affaiblie par une inanition qui, à terme, la tuerait ; les dieux ne vivent que de l'adoration des fidèles.

Avec House of Whispers, Hopkinson emmène ses lecteurs dans une plongée profonde en mythe vaudou.

A coté de tous les occupants habituels du château de Dream (Abel et Caïn en tête), bien embêtés de l'intrusion involontaire du panthéon vaudou, il y rencontre Erzulie Freda, mais aussi son autre aspect, plus guerrier, Erzulie Dantor, ainsi que le cruel homme alligator à l'histoire tragique Uncle Monday, et bien sûr les très puissants loas que sont Damballa, Agwe, et Ogun, tous époux d'Erzulie.

Il y voit comment les loas « chevauchent » – c'est à dire possèdent avec leur accord – des cavales – des adorateurs qui se sont mis en état de transe – pour agir dans le monde physique.
Il y comprend que sans adorateur les loas ne sont rien. Incapable d'agir et même de survivre.

Il y découvre des divinités truculentes, pleines de passions humaines hypertrophiées, des plus nobles aux plus mesquines. Il les croise le long d'une aventure pleine de rebondissements, joliment illustrée par Dominike 'DOMO' Stanton.

Entre les deux univers la greffe prend. C'est bien sûr le vaudou qui est à la manœuvre, les habitants du monde des rêves font juste un peu plus que de la figuration, mais c'est dans ce monde que sont coincés Erzulie et Monday, entre autres, et c'est de ce monde qu'il doivent trouver comment agir pour régler leurs affaires afin de pouvoir le quitter définitivement.

Une lecture plaisante à terminer dans le tome 2 à venir. Si on ne connaît pas le vaudou c'est une belle introduction, et si on connaît c'est une bonne aventure qui met cette mythologie en vedette.

House of Whispers, t1 The Power Divided, Gaiman, Hopkinson, Stanton

Commentaires