Yal Ayerdhal in Bifrost 118 - La fin de la guerre éternelle

Dans le Bifrost 118 il y a les rubriques habituelles. Critiques des nouveautés, scientifiction and so on. Il y a aussi un édito d'Olivier Girard qui rend un hommage appuyé et émouvant à Yal Ayerdhal , un grand de la SF française qui nous a quitté il y a dix ans et dont je me souviens de le gentillesse et de la capacité d'attention à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, appartenait à ce milieu qui était le sien et qui est le nôtre. Dans le Bifrost 118 , il y a   donc un gros dossier sur Yal Ayerdhal (qu'on appelait entre nous simplement Yal) . Un dossier sur l'homme actif et en colère qu'il était, de ses combats pour le droit des auteurs à son militantisme intelligent (il y en a) . Dans le  Bifrost 118  il y a aussi une plaisante nouvelle de Yal Ayerdhal,  Scintillements . Il y raconte comment finit la "guerre éternelle" entre deux civilisations galactiques qui n'auront jamais pu communiquer. Dans un écho déformé de Lem ou d'Haldema...

La part du monstre - MR Carey - Retour de Bifrost 91


"La part du monstre" est le second roman post-apo zombie de M.R. Carey. C'est aussi un 'kind of' préquel de Celle qui a tous les dons.

Dix ans que la catastrophe zombie a commencé (nous sommes donc dix ans avant les faits du premier volume).
La plus grande partie de la population britannique a été anéantie par les affams, les zombies affamés dont nul ne connaît l'origine mais dont la dangerosité extrême et contagieuse est certaine. Une grosse communauté survit dans la base de Beacon, gouvernée par une dyarchie instable civile et militaire. C'est de cette communauté que part pour plusieurs mois un véhicule blindé, le Rosie. Son équipage mixte, civil et militaire, doit faire la tournée des sites visités par une précédente expédition, perdue depuis, afin d'y collecter les éventuelles informations qui permettraient de lutter enfin efficacement contre le péril mortel qui menace l'humanité. Entre affams et pillards cannibales, les risques sont énormes, d'autant que l'équipe n'est pas cohésive, qu'une des scientifiques est – au pire moment – enceinte, qu'un des leaders du groupe est un agent infiltré de l’autorité militaire de Beacon. Le Rosie a néanmoins, même s'il l'ignore encore, un atout de taille en son sein : Stephen, 14 ans, la pièce rapportée imposée par la biologiste Khan, un autiste surdoué qui va faire une découverte capitale.
Sera-ce suffisant ?

Le problème de fond du roman est qu'on sait, si on a lu son prédécesseur, que la réponse à la question précédente est non. Difficile alors de bâtir un thriller, même si le pitch semble pointer dans cette direction, d'autant que les structures des deux romans sont très similaires. Le texte souffre d'autres défauts : une première moitié bien poussive, une centration trop grande sur le petit (mais trop grand pour une vraie immersion) groupe du Rosie alors que des événements capitaux se déroulent au loin mais qu'ils ne sont traités que backstage, une progression narrative dont le moteur réside trop souvent dans la dissimulation d'informations capitales par telle ou telle partie du groupe.

Quelques qualités néanmoins.
D'abord, le personnage et les processus mentaux de Stéphen sont plutôt bien traités me semble-t-il.
Ensuite, quand le groupe devient plus réduit et que les enjeux se précisent, le texte aborde la question du prix à payer pour sauver l'humanité, dans une approche qui décide absolument de tourner le dos à l'humanocentrisme ; et c'est finalement ce point qui fait l'originalité du récit de Carey (mais là aussi, ça a déjà été vu dans le volume précédent).
Enfin, il y a quelques bonnes pages, émouvantes parfois, sur l'acceptation de la fin, de sa propre fin, et quelques moments finement écrits de contact inter-espèce, dans une volonté manifeste d'humanisation de ces décidément non-humains que sont les infectés. Mais même l'émotion est rare et quelquefois, hélas, un peu facile.

Alors, lire ou pas ? On peut, on n'est pas obligé. D'autant que s'il est habituel de dire qu'on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, c'est pourtant un peu le cas ici.

La part du monstre, M.R. Carey

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