The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Marshal Law - Mills - O'Neill


"Marshal Law" est arrivé en France chez Urban Comics. Et tu ferais bien, lecteur, d'aller le voir régler son compte à l'univers super-héroïque.

Marshal Law n'est pas Judge Dredd. Marshal Law n'est pas Rorschach.
Créé en 1987, Marshal Law est un super-héros qui travaille dans l'un de ces commissariats secrets qui ont remplacé la police d'une San Francisco dévastée par le Big One et devenue San Futuro. Il est un vétéran des guerres sud-américaines de l'Amérique. Il est surtout le super-héros qui hait les super-héros – étrange exécration de soi qui s'explique par l'abjection que sont devenus les super-héros –, le super-héros qui les traque, le super-héros qui en tue autant que possible.

Dans le gros (500 pages – traduction du Deluxe VO) volume Urban, tu trouveras un très long récit fondateur puis une série de one-shot : Peur et dégoût, Marshal Law à Manhattan, Au royaume des aveugles, Les morts malfaisants, Super Babylone, et Tribunal Secret.

Tu découvriras un monde dans lequel les super-héros sont légion. Créés à des fins militaires par une bande de savants fous, ils ont fait les sales guerres de l'Amérique. Beaucoup sont morts sur le terrain, ceux qui sont revenus sont – à de rares exceptions près – de vrais psychopathes regroupés en gangs prédateurs ou obligés de prostituer leur pouvoir de résistance à la douleur pour satisfaire des gogos sadiques.

Escadron de la mort à lui tout seul, Taxi Driver survitaminé, Marshal Law n'est pas le moindre des givrés. Jusqu’au-boutiste, violent, il arbore un costume qui rappelle un flic SM et porte fermeture éclair sur la bouche et barbelés sur biceps surdimensionnés. Armé d'un flingue qui rappelle le Lawgiver de Dredd, managé par un commissaire aussi sordide que corrompu, il n'a d'affection que pour ses équipiers et sa copine, Lynn Evans – une militante féministe anti-héros qui trouve que Marshal Law (dont elle ignore l'identité secrète) ne vaut pas mieux en terme de machisme et de cryptofascisme que les malfaisants qu'il pourchasse.

Au fil des histoires, dans une ambiance punk mise en image par Kevin 'Ligue des Gentlemen Extraordinaires' O'Neill, Pat Mills explose le mythe du super-héros, du héros tout court. Un concept galvaudé, trahi, rabaissé, mis à toutes les sauces (surtout les pires), tant par l'usage politique qui en est fait que par la mise en scène qu'en donne l'industrie du divertissement – et là, c'est Mills lui-même qui est dans la position difficile de l'insider/outsider.
Il transforme, déforme, soulève le voile de l'image mythique, caricature la sexualisation des images super-héroïques, extirpe de chacun les masques d'émotion pour ne voir en chacun que décomposition ; d'aucuns diraient qu'il déconstruit.
Il dézingue donc dans le premier récit La Ligue de Justice d'Amérique locale et son Superman. Puis d'histoire en histoire, il règle son compte aux héros Marvel, à Batman, à la Legion des Super-héros. Même les héros de l'Âge d'Or sont raillés et leurs actes questionnés.
Il n'a pas plus de pitié pour la politique US, les délires religieux ricains, les firmes qui acceptent un commerce sordide, le complexe politico-médiatique et son besoin de héros positifs, etc.

L'ensemble est graphique, violent, sexuel mais pas sexy, aussi punk et coloré que l'explosion d'une bombe au napalm, souvent drôle dans son enflure même, toujours désespéré dans ce que ça dit de la nature humaine.
Les scénarios sont de grande qualité, les personnages travaillés, les dessins – fourmillant de détails – servent la narration en y introduisant un excès graphique dans les représentations qui souligne la crudité du propos.

Qu'est ce qu'être un héros, Marshal Law ne le dit pas, d'où son mantra « Je suis un chasseur de héros, je traque les héros, j'en ai encore jamais trouvé ». Sauf une fois, quand son équipier, discret et courageux, sera tué par un psychopathe dont l'identité vous surprendra. Ou lorsqu'il espérera un meilleur devenir pour un jeune super-héros qui n'a pas encore les mains sales.

C'est bon, très bon même, pour peu qu'on survive au nihilisme affiché et à un récit zombifique un peu inférieur aux autres.

Marshal Law, Mills, O'Neill

Commentaires

Anonyme a dit…
Dans mes bras !

bon je peux virer l'ancienne édition ZENDA qui n'a pas les ouonnechottes/

Georges
Gromovar a dit…
Ben, carrément :)

Grom