"
Diaspora", le monument Hard-SF de Greg Egan sort aujourd'hui en VF. Un
magnifique projet mené à bien par
Le Belial.
Il y a onze ans, l'inénarrable et indispensable compagnon de route TiberiX en
disait ici-même le plus grand bien. Peu de temps après, lecture personnelle
achevée, je n'ai pas trouvé nécessaire d'ajouter à ce qu'il disait. C'aurait été
pure cuistrerie.
Je lui rend donc la parole aujourd'hui en republiant in extenso ce billet qui,
s'il est bref, présente efficacement le livre et lui rend l'hommage qu'il
mérite. Enjoy :
Ayant sagement laissé la jouissance du centième post à Gromovar, je vais vous
parler de
DIASPORA de Greg EGAN. Dans la mesure où je respecte son
sacerdoce l’empêchant de vous raconter réellement de quoi il s’agit, laissez-moi
en contre-partie vous posez quelques questions...
Vous avez peur de la “hard” science fiction, où un un écrivain
astrophycien ou informaticien risque de vous dépeindre une société dans
laquelle les humains ont encapsulé leur conscience dans des robots Gleisner
indestructibles ? Où une autre partie de l’humanité c’est totalement
virtualisée dans des banques de données redondantes, uniquement préoccupée par
la recherche mathématique fondamentale ? Et où enfin une dernière portion
transhumaine est restée dans des os et de la chair, mais en manipulant son
génome au besoin pour s’adapter à n’importe quel biotope, tout en modelant son
système nerveux pour comprendre intuitivement la mécanique quantique et la
théorie des cordes ?
La question de savoir si ces transhumains deviennent
extraterrestres les uns envers les autres vous indiffère ? Tout comme le fait
de savoir si ces différentes factions peuvent encore communiquer entre elles
autour de concepts qui nous semblent évidents ? Ou qu’est-ce qui détermine
encore votre personne quand vous pouvez décider de changer vos processus
cognitifs à la volée ? A quelle vitesse choisissez-vous de vivre quand vous
êtes un programme qui va survivre jusqu’au Big Crunch final ?
Prenez alors le risque de lire le premier chapitre de diaspora où le
citoyen orphelin Yatima naît dans le Konishi poli. Vous allez alors basculer
dans un univers où la précision lumineuse de la neuroscience et de
l’informatique se déploient sans entrave, dans une logique absolue, pour
envoyer valser dans des mondes étrangers. Tant pis pour vous, le mal sera fait
et passé le troisième chapitre, la problématique des vagues gravitationnelles
sera pour vous devenu passionnante.
Et l’ensemble est un tour de force du même
genre.
Ce n’est pas gratuit car il y a de surcroît, se surprendrait-on
presque à dire, une histoire. Elle se déroule sur des millénaires et présente
comment les trois branches de l’humanité divergentes, vont devoir affronter un
problème cosmique d’anomalie de spin gravitationnel dans les systèmes
d’étoiles doubles. Et oui forcément. Dans le contexte qui nous occupe, les
héros n’ont pas vingt-quatre heures pour échapper à un contrat que le mafioso
local a mis sur leur tête après un lap-dance qui aurait mal tourné.
Diaspora est une porte vers ce qui est probablement la
quintessence de la SF. Une grosse baffe dans nos référentiels habituels. La
barrière d’entrée n’est pas élevé, mais si vous n’avez jamais tiqué en
regardant Star Wars parce que les vaisseaux se déplacent grâce à des turbines
qui font “vrooooir”, ce qui dans l’espace est une double imbécilité, alors il
vaudra peut être mieux passer votre chemin.
La prochaine fois, et dans
un autre genre, nous parlerons probablement de China Miéville, de la
Nouvelle-Crobuzon et de l’amour avec une femme-scarabée. En attendant soyez
sages.
Commentaires