Les Yeux Doux - Corbeyran - Colline

Futur indéterminé et résolument glauque. Arsène travaille à la chaîne dans une usine du conglomérat Atelier Universel. « Travaillait » devrais-je dire car, pour avoir pris une initiative afin de corriger une erreur de production, Arsène est renvoyé dès le début de l'album. On ne plaisante pas avec la hiérarchie dans le système tayloro-fordiste de l'Atelier Universel ; FW Taylor lui-même disait  : « On ne vous demande pas de penser ; il y a des gens payés pour cela. » Privé de son emploi, Arsène, qui vit avec sa sœur cadette Annabelle dans un tout petit appartement, devient vite invisible. Physiquement invisible car invisibilisé socialement par la perte de son statut dans un monde qui définit les êtres par leur place dans le système de production. Et la situation va encore s'aggraver pour le frère et la sœur. Anatole Souclavier, lui, travaille pour Les Yeux Doux, le système de surveillance global par caméra qui épie en permanence les citoyens (sujets?) af...

Brève revue BD/ Comics : Crusaders tome 1 et The Quantum Age


Juste deux mots.

Le premier pour Crusaders tome 1, intitulé "La colonne de fer".
Le premier tome du nouveau triptyque de Christophe 'Prométhée' Bec est une belle réussite scénaristique et graphique.
Plusieurs fils entremêlés – la plupart en flashbacks – montrent comment la colonie guère démocratique de Titan reçoit un message, une invitation, émis depuis la plus éloignée des galaxies connues, à des milliards d'AL.
Comment une jeune femme prénommée Natalia est formée à la science et à l'amour de l'espace par son père, un quasi dissident.
Comment la très brillante Natalia est sélectionnée pour devenir la chef de l'expédition humaine vers la source du message, à bord des vaisseaux à la technologie incompréhensibles dont les plans étaient joints à l'invitation.
Comment l'aventure tourne au désastre, sur une planète gelée abritant une forme de vie qui ne partage rien avec ce que nous considérons habituellement comme la vie.

Avec "La colonne de fer", Bec se lance dans la Hard-SF sans oublier de dire explicitement son amour pour Star Trek ;)
Même si les personnages – hormis Natalia – sont pour le moment peu développés, c'est à une belle et exaltante aventure que Bec convie le lecteur. Hard-SF au-delà de ce qu'on trouve d'habitude en BD, il n'oublie pas de filer une histoire entraînante, pleine de risque, de mystère, et surtout de cette volonté d'aller au bout de l'inconnu pour chercher du nouveau qui caractérisait le merveilleux scientifique de Verne entre autres.
Et puis il n'inclut aucun de ces personnages à la con au physique improbable qui sont parfois l'alpha et l'oméga de ce dont sont capables les auteurs de BD SF ; c'est incontestablement un plus.

Côté graphique, c'est majestueux, avec des doubles pages impressionnantes qui envoient dans la face du lecteur l'ampleur de ce qui se passe dans le récit.

Un grand plaisir pour moi, et pourtant je ne suis habituellement pas très fan de BD SF.





Le second pour "The Quantum Age", de Jeff Lemire. Une histoire située dans l'univers de Black Hammer, quelques siècles après.
C'est un récit de super-héros confrontés à la folie dictatoriale de l'un d'entre eux. Une histoire de résistance contre l'oppression, initiée par le groupe des survivants brisés de la prise de pouvoir initiale.
Indépendante, l'histoire fait néanmoins de nombreux liens avec la trame originale de Black Hammer ; les deux sont clairement liées.

Je ne suis guère fan du graphisme, très 'jeune', de Torres, mais je dois bien admettre que l'histoire se tient, que Lemire sait toujours inventer une narration cohérente et développer peu à peu des personnages, et, qu'en dépit d'un début durant lequel la nouveauté de cette saga cosmique et les graphismes m'ont laissé dubitatif, je me suis laissé convaincre sur la durée du TPB. Lemire reste donc l'un des scénaristes dont j'apprécie le plus le travail.

Crusaders t1, La colonne de fer, Bec, Carvalho
The Quantum Age, Lemire, Torres

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