Ellison - Palmer - Reynolds - Day - Bifrost 117

Le Bifrost 117 , consacré à Harlan Ellison, c'est déjà une couverture brillante. Une couverture de Jean-Jacques Tachdjian qui hurle au lecteur comme Ellison hurlait au monde et comme Ted, son héros le plus connu , le faisait aussi, nonobstant son absence de bouche. C'est bien sûr aussi toutes les rubriques habituelles, critiques des nouveautés, scientifiction (Fabrice Chemla inside avec Les Drogues du désir) and so on. On y trouve même les lauréats du Prix des lecteurs Bifrost 2024 : en français Rayée , d'Audrey Pleynet, et en traduction Les Nuits de Belladone , d'Alastair Reynolds. Bifrost 117 , c'est surtout un gros dossier sur l'incroyable Harlan Ellison : véritable jack of all trades, auteur imposant, fan absolu, littérateur compulsif, scénariste, éditeur, anthologiste, bagarreur éthique, colérique récurrent. Grâce en particulier à une longue biographie signée Laurent Queyssi, tu plongeras, lecteur, dans l'existence feu d'artifice d'un auteur q...

Les Montagnes Hallucinées - Gou Tanabe d'après Lovecraft


Un tome 2, qui plus est d'une adaptation ; je vais donc être concis. Ce qui ne m'empêchera nullement d'être dithyrambique.

Le professeur Dyer et son élève Danforth partent seuls en avion vers l'intérieur des terres antarctiques, au-delà de montagnes si hautes qu'ils ne les passent qu'avec difficulté, à bord d'un aéroplane allégé de tout poids superflu. Ils veulent comprendre l'incroyable massacre du tome 1 - qui fit onze morts sans raison compréhensible - et retrouver Gedney, le disparu et peut-être seul survivant du camp Lake.

Passés de l'autre côté du monde, ils découvrent une cité cyclopéenne d'une ancienneté inouïe, largement pré-humaine. L'explorant à grands risques, ils y comprennent ce qu'il advint de Gedney et de ses malheureux compagnons, mais surtout, au cœur des bâtiments cyclopéens, ils apprennent l'histoire des Anciens, les entités étoilées très avancées qui occupèrent la Terre des éons avant la moindre trace de vie.
Histoire bouleversante d'une race antédiluvienne qui domina la Terre jusqu'à en être chassée par sa propre création, et bouleversement paradigmatique sur la place, aussi insignifiante que dérangeante, de l'Homme dans la Création.

Dans "Les Montagnes Hallucinées", c'est à la mort de Dieu, anéanti par sa création, qu'assiste le lecteur. Et comme si ça ne suffisait pas, c'est aussi à une remise à sa vraie place de l'Humanité qu'il est convié.

Le lecteur, mithridatisé qu'il est, résiste à l'effroi de l'insignifiance. Dyer, solide professeur de Miskatonic, aussi. Le jeune Danforth, lui, y laisse la raison.

ÏA ÏA !
Que cet album est beau ! Enorme ! Indicible !
Quel propylée titanesque pour l’œuvre du maître de Providence !

Ca va ? Ca suffit dans le dithyrambe ?

Alors, pour faire court, dans ce second tome de l'adaptation graphique des Montagnes Hallucinées on trouve toutes les qualités du premier opus mises à la puissance ftaghn.

Une mise en image impressionnante. Une manière unique de montrer l'indicible. Une mise en image réussie de l'insignifiant humain, écrasé tant par l'immensité de l'Antarctique que par des vestiges architecturaux qui le dépassent et taille, en âge, en signification. Que ces planches seraient majestueuses en très grand format !
Et quelle astucieuse façon d’être précis sans jamais l'être trop lorsqu'il s'agit de montrer des créatures que l'esprit peine à concevoir.
Superbe, brillant ; si, un jour, Guillermo Del Toro réalisait enfin son adaptation cinéma, il lui serait impossible de faire l'impasse sur la représentation de Gou Tanabe.

Les montagnes hallucinées, tome 2, Gou Tanabe d'après Lovecraft

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