Yal Ayerdhal in Bifrost 118 - La fin de la guerre éternelle

Dans le Bifrost 118 il y a les rubriques habituelles. Critiques des nouveautés, scientifiction and so on. Il y a aussi un édito d'Olivier Girard qui rend un hommage appuyé et émouvant à Yal Ayerdhal , un grand de la SF française qui nous a quitté il y a dix ans et dont je me souviens de le gentillesse et de la capacité d'attention à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, appartenait à ce milieu qui était le sien et qui est le nôtre. Dans le Bifrost 118 , il y a   donc un gros dossier sur Yal Ayerdhal (qu'on appelait entre nous simplement Yal) . Un dossier sur l'homme actif et en colère qu'il était, de ses combats pour le droit des auteurs à son militantisme intelligent (il y en a) . Dans le  Bifrost 118  il y a aussi une plaisante nouvelle de Yal Ayerdhal,  Scintillements . Il y raconte comment finit la "guerre éternelle" entre deux civilisations galactiques qui n'auront jamais pu communiquer. Dans un écho déformé de Lem ou d'Haldema...

Your Favorite Band Cannot Save You - Scotto Moore


Ici et maintenant. MPC – on ne connaît de lui que son pseudo – est un blogueur musique moyennement connu. Un solitaire un peu loser que sa passion tient à flots mais qui ne s’illusionne ni sur ses compétences ni sur son influence.

Il tombe un jour, presque par hasard, sur le premier morceau online de Beautiful Remorse, un groupe qu'il ne connaît pas mais qui affirme ressembler à ce quasi inconnu Surrealist Sound System que MPC suivait quand il était à la fac de Madison.
Ce premier morceau, « Overture », est si hypnotique que MPC passe une nuit entière à l'écouter en boucle sans même s'en rendre compte, et qu'il le qualifie sans rire de « plus beau morceau de musique que j'ai entendu de toute ma vie ».

Des recherches Internet ne ramènent rien, rien sur le groupe, rien sur d'autres compositions, rien. Que faire alors quand on est un blogueur musique si ce n'est poster le morceau sur son site avec quelques mots d'accompagnement ? Puis aller chatter sur un site privé fréquenté uniquement par des blogueurs musique confirmés. C'est là qu'il apprend que son morceau a impressionné les auditeurs et qu'un second track est en ligne, toujours sur Bandcamp. De fait, des morceaux, il y en aura un nouveau par jour, et MPC, qui a « découvert » le groupe, ne veut plus qu'une chose : être celui qui présentera chaque nouvelle pièce au monde.

Commence alors pour lui, de plus en plus obsédé par la musique si particulière de Beautiful Remorse et saisi par l'espoir de devenir enfin un influenceur puissant, une traque du groupe qui l'amènera à rejoindre leur tournée sur une Highway to Hell aussi stressante qu'incroyablement suprenante.

"Your Favorite Band Cannot Save You" est la première novella de Scotto Moore et c'est un putain de bon texte.

Pour ne pas spoiler, disons qu'il est construit comme un concept album, en l’occurrence le concept album ultime. Chacun des dix chapitres correspond à l'un des dix tracks de l'album en cours de réalisation, le texte se terminant pas un coda qui relance l'histoire et lui donne un tour nouveau autant que conclusif.

C'est à un crescendo démoniaque, à une progression très rapide dans le mystère, la folie, et l'horreur que sont confrontés le lecteur et MPC – chacun un peu complice, le lecteur car il veut savoir, MPC car il ne voit pas comment il pourrait refuser d'en être. On lit très vite avec l'impression d'être emporté par une avalanche dont la vitesse ne cesserait d'augmenter jusqu'au crash final. C'est de la folie furieuse du genre qu'on lit dans La bibliothèque de Mount Char par exemple.

Je n'en dis pas plus pour garder le mystère.
Qu'un se rappelle seulement que dans le JdR Cyberpunk, la Rock Star était une classe dont le point fort était un irrésistible charisme et qu'elle pouvait être illustrée tant par les stars du rock que par les dictateurs charismatiques.
Qu'on sache aussi qu'il sera question dans le texte de John Dee et du langage énochien – traité ici d'un façon clairement ironique.
Qu'on se souvienne enfin que Greg Egan ou HPL, entre autres, avait déjà donné à la musique des pouvoirs terrifiants.

Lis "Your Favorite Band Cannot Save You", lecteur. C'est un texte fou et sans limite que tu liras, un texte qui te propulsera bien plus loin que tu ne l'aurais cru possible sur les traces d'un personnage lovecraftien en diable.

Your Favorite Band Cannot Save You, Scotto Moore

Commentaires

Alias a dit…
Whoa! Mais c'est TELLEMENT raccord avec 1) ce que j'aime et 2) ce que j'essaye (désespérément) d'écrire.

IT MUST BE MINE!
shaya a dit…
Je ne suis pas hyper sensible à la musique, mais à voir, ça a tout de même l'air intéressant.
Gromovar a dit…
Crois-moi, c'est intéressant.
Alias a dit…
Fini hier. Je confirme: c'est une bonne tuerie!

Chronique à suivre (probablement ce vendredi).