The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

La cinquième saison, de N. K. Jemisin, Prix Planète-SF 2018


Le 8ème Prix Planète-SF des Blogueurs vient d'être attribué à La cinquième saison, premier tome de la trilogie de la Terre fracturée de N. K. Jemisin.
Un grand bravo à N. K. Jemisin pour une récompense amplement méritée.


La maison en reculant devant aucun sacrifice, ci-dessous le communiqué officiel du Planète-SF.


Le jury PSF a délibéré le lundi 10 septembre. Il a décidé d’attribuer le Prix Planète-SF 2018 à La cinquième saison, de NK Jemisin.

Choisir est de tous les actes l’un des plus douloureux, car choisir c’est renoncer. Renoncer à cette autre chose qu’on voulait pourtant aussi, chasser cette autre chose hors de la lumière de l’intérêt manifesté et la renvoyer dans l’obscurité des potentialités non réalisées.
De ce point de vue, la délibération 2018 a sans doute été la plus douloureuse de toute l’histoire du Prix Planète-SF.

Quatre livres étaient en lice ; quatre livres qui tous, chacun pour une raison différente, méritaient de gagner. Méritaient de gagner, ce qui signifie, d’abord « méritaient de ne pas être éliminés lors de la délibération ».

Mais il ne peut en rester qu’un, et, phase de vote après phase de vote, la shortlist fut réduite par le jury jusqu’à son essence primordiale. A la fin ne restait plus que La cinquième saison, premier tome de la trilogie de La Terre fracturée de N.K. Jemisin.

La cinquième saison, de N. K. Jemisin. Un livre mémorable. Prix Hugo 2016, Prix Sputnik 2016, nominé Nebula et World Fantasy. Un palmarès impressionnant, confirmé par les Hugo 2017 et 2018 obtenus par les tomes 2 et 3 de la trilogie. Trois Hugo consécutifs pour les trois tomes d’une trilogie, c’est une première historique.

Les jurés du Prix Planète-SF auraient pu vouloir se démarquer de la clameur générale. Ils auraient pu considérer que Mme Jemisin avait une notoriété à laquelle ils ne pouvaient plus rien ajouter. Ils auraient pu vouloir se distinguer d’un Hugo que son caractère grand public rend parfois sensible aux emportements du moment.

Mais, Rousseau l’écrivait lui-même il y a deux siècles : « la volonté générale est toujours droite et tend toujours à l’utilité publique…Si, quand le peuple suffisamment informé délibère, les Citoyens « n’avaient » aucune communication entre eux, du grand nombre de petites différences « résulterait » toujours la volonté générale, et la délibération « serait » toujours bonne. »

Elle le fut pour le Hugo 2016. Elle l’a été aussi pour le PSF 2018. La cinquième saison gagne le prix PSF 2018 car c’est un excellent roman. Worldbuilding, construction, personnages, traitement thématique, écriture, rien ne peut être reproché à ce texte, bien au contraire, tout peut y être loué. Cette histoire de cataclysme, de préjudice, de désespoir et de vengeance est un sans faute intégral. Elle mérite à ce titre d’être une fois encore mise à l’honneur, maintenant en France et dans la version traduite par Michelle Charrier.

Bravo à N. K. Jemisin pour ce livre, bravo à Michelle Charrier pour la traduction, et bravo à Nouveaux Millénaires et singulièrement à Thibault Eliroff pour le choix de publier en France ce roman majeur qui entre dans l’Histoire du genre et y restera comme un tournant.

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