Eric LaRocca - As-tu mérité tes yeux ?

Agnes Petrella est une jeune américaine un peu dans la dèche. Elle est lesbienne aussi, ce qui ne change pas grand chose à l'histoire au début alors que « dans la dèche » en est le point de départ. En ce 26 mai 2000, Agnes, qui a besoin de 250$ pour payer son loyer du mois, poste sur un forum queer une annonce pour mettre en vente un épluche-pomme vieux de plus d'un siècle. Contrairement à ce qui se pratique habituellement, elle a composé pour ce faire un message de presque quatre pages dans lequel elle explique avec force détails à quel point cet épluche-pomme est un élément important de son histoire familiale et donc à quel point aussi il lui est pénible de s'en séparer. Nécessité faisant loi elle s'y est finalement décidée mais, dit-elle, elle ne consentira à vendre l'objet qu'à un collectionneur sérieux (!). Deux jours plus tard, après quelques réponses insultantes, Agnes en reçoit une intéressante d'une certaine Zoe Cross qui dit être intéressée et prêt...

Brève revue de BD - Conan et Planet of the Apes Visionaries


"Au-delà de la rivière noire" est la première des trois adaptations de Conan proposées par Glénat que je trouve vraiment réussie. Il faut dire que la nouvelle originale est aussi considérée comme la meilleure, peut-être, de toutes celles que le volcanique auteur Texan, grand ami de Lovecraft, écrivit.

On y voit Conan tenter de protéger une colonie aquilonienne contre sa destruction par les guerriers pictes qui vivent au-delà de la rivière noire. On l'y voit échouer, non sans être parvenu à tuer un démon, alors même que le courageux et noble Balthus, de son côté, sacrifie sa vie pour sauver les colons civils d'une mort certaine.

Superbement adapté, le texte est résolument noir.
La rivière noire est la frontière, aussi physique que symbolique, entre monde civilisé et terres barbares. Seul Conan, parce qu'il est barbare, peut la franchir et en revenir vivant ; même les soldats ensauvagés qui l'accompagnent n'ont pas ce qu'il faut. Quant à l'emprise de la civilisation sur la barbarie, elle est toujours précaire et transitoire, vouée à céder, en dépit de sa supériorité technique, sous les assauts de la barbarie.
Un bien beau texte et un bien bel album, parfaitement illustré, qui se conclut ainsi : « La barbarie est l'état naturel de l'humanité...La civilisation n'est qu'un accident...La barbarie finira toujours par triompher. »


La planète des singes est un roman publié en 1963 par Pierre Boulle. Il devint un film de cinéma très connu qui mettait Charlton Heston en vedette. Tout le monde ici l'a vu, je pense.

Le premier scénario adapté du roman le fut, dès 1965, par Rod 'Twilight Zone' Serling. Mais aucun film n'en fut jamais tiré, pour des raisons de coût ; le métrage célèbre utilise un scénario de Michael Wilson. Pourquoi ?
Roman et scénario original se situent à une époque contemporaine. La civilisation des singes est une civilisation technique semblable à la nôtre. Filmer le scénario original aurait, à l'époque, coûté trop cher au studio qui possédait les droits. Décision fut donc prise de transposer l'histoire dans un monde pré-contemporain, afin de ne pas avoir à représenter des villes modernes. D'où le film qu'on connait, avec ses singes arboricoles et cavaliers qui ne connaissent ni l'électricité ni le moteur à explosion.

"Planet of the Apes Visionaries" est une adaptation en BD du scénario original. Si les lignes de force de l'histoire sont globalement celles que le cinéphile connait, sa survenue dans un monde qui est le nôtre en mode alter change la vision qu'on peut en avoir. Les braconniers motorisés fumeurs de cigarettes, les zoos humains, les humains de cirque ou dressés comme des ours danseurs, augmentent le prégnance du message antispéciste. Le lyssenkisme du Docteur Zaïus en est renforcé. La condamnation explicite de la pulsion de mort humaine aussi. Et les tribulations stupéfiées de l’astronaute humain, en Candide malchanceux qui finit par devenir, un temps, à la mode, rappellent autant Elephant Man que les classiques Un Yankee du Connecticut à la cour du roi Arthur ou Les Voyages de Gulliver, dans une ambiance résolument Twilight Zone assez différente de celle du film.

Conan, Au-delà de la rivière noire, Gabella, Jean
Planet of the Apes Visionaries, Gould, Lewis

Commentaires

Efelle a dit…
Ce troisième tome sur Conan se détache en effet du lot.