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11 septembre". Tome cinquième et conclusif de la série de Brunschwig
Car l'enfer est ici, elle même suite directe de la série
Le pouvoir des Innocents commencée en 1992 – putain, 26 ans !
Les 79 pages de l'album sont centrées sur le procès de Joshua Logan. Un album de procès comme il y a des films de procès. Un duel, dans une arène régulée, dont l'objectif est moins la manifestation de la vérité que la construction d'une certitude dans l’esprit des jurés ou la sape de celle-ci. On y voit le travail du procureur pour démontrer la culpabilité de Logan, et celui de son avocat pour instiller le minimum de « doute raisonnable » qui empêcherait – comme dans on le voit dans
Douze hommes en colère, et comme le prévoit le droit pénal américain – de voter la culpabilité. On y voit les discours introductifs, les interrogatoires et contre-interrogatoires, les experts, les objections, les rappels à l'ordre du juge, les plaidoiries. On s'y croirait. Si on aime ce genre, c'est succulent.
Les faits que raconte ce procès sont parfaitement connus des lecteurs qui auraient lu les dix tomes constitutifs de ce récit. Mais ce n'est jamais redondant ni ennuyeux. Au contraire. Car ce qu'on voit ici c'est la bataille judiciaire autour de la culpabilité de Logan, autrement dit une autre histoire avec d'autres enjeux – très élevés car il s'agit de la vie et de la liberté de l'ex-marine.
Parallèlement, les sous-intrigues en cours cheminent aussi vers leurs conclusions. Les mafieux Domenico et Angelo sont donc de la partie
(Angelo la quitte sur un dernier et terrifiant coup d'éclat), Xu renonce à la vie qu’elle s'était faite pour tenter de sauver son mari en disant publiquement la vérité, les Whitaker père et fils continuent d'intriguer pour dominer, du Bureau Ovale, un système politique oligarchique et corrompu, au prix si nécessaire de la vie de leurs concitoyens et de la paix du monde, et Jessica apprend enfin la vérité sur les circonstances de son élection à la mairie de NY avec les conséquences qu'on peut imaginer pour cette femme d'une intégrité à toute épreuve.
Conclusion en apo·théose·calypse pour ce double cycle. Brunschwig y termine en beauté et terreur son histoire, un récit complexe et riche plein de personnages finement développés et de préoccupations sociales et politiques. C'est à un thriller politique d'une qualité rarement
(jamais ?) égalée que le scénariste a convié le lecteur, un de ces récits urbains de bruit et de fureur profondément américains comme savent en offrir Martin Scorcese ou Michael Cimino.
Complexe politico-mafieux, définition de la réalité par les média, tentation autoritaire, engagement militant, sens du sacrifice, dans
Car l'enfer est ici comme dans le vrai monde le combat politique est de tous le pire. Et pour ceux qui s'y trouvent mêlés, l'amour, la peur, l'indignation, la honte, la mort, naissent et grandissent sur les dessous peu ragoutants de la compétition électorale en régime libéralo-médiatique.
Si je dis que le verdict du procès est rendu le 11 septembre en fin de matinée, on comprend sans difficulté qu'en dépit des efforts méritoires de son avocat Logan aura beaucoup de mal à sauver sa tête, et on voit aussi comment
le troisième cycle (en cours) prend ses racines dans la fin de ce second mouvement.
Les dessins de Hirn sont réalistes et réussis, collant parfaitement à une histoire qu'ils racontent en montrant les visages des personnages et leur non-verbal. Autour des personnages, les décors new-yorkais d'Annelise Sauvêtre recréent pour le lecteur un New-York connu, par les films ou les voyages, plus vrai que nature.
Si on aime la BD, on doit lire ces cycles, c'est impératif.
Car l'enfer est ici t5, 11 septembre, Brunschwig, Hirn, Sauvêtre
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